La 5G, à court terme, se déploiera sur la bande des 3,5 GHz, qui feront l'objet d'enchères en fin d'année, et plus tard sur la bandes des 26 GHz. Mais un autre segment est identifié pour accompagner le futur standard mobile : la bande 1,5 Ghz ou bande L, comprise entre 1427 et 1517 MHz. Des fréquences basses notamment adaptées à une amélioration de la couverture en intérieur, et plus généralement à la desserte des zones moins denses.
L'idée serait de les exploiter en mode SDL (Supplementary DownLink), c'est-à-dire uniquement sur des liaisons descendantes, de loin les plus sollicitées alors que les usages explosent, afin d'y augmenter les débit disponibles. Tout en les appariant avec une autre bande en duplex fréquentiel pour aménager une voie montante.
Bande des 1,5 GHz : EDF et Enedis pas prêts à déménager
Problème : cette bande L est affectée à différents services, notamment les liaisons point-à-point du service fixe (faisceaux hertziens). En vue de réallouer à terme cette portion du spectre aux services de téléphonie mobile, l'Arcep a confirmé cette semaine qu'elle fixerait au 31 décembre 2022 l’échéance maximale des nouvelles autorisations (renouvellement compris) portant sur ces usages. Le tout afin de se conformer à l'objectif, fixé au niveau européen, de permettre aux opérateurs de téléphonie mobile d'y proposer leur service 5G à compter du 1er janvier 2023.
Un calendrier qui ne convient pas à tout le monde, comme en attestent les réponse à la consultation lancée par l'Autorité l'été dernier. A commencer par les utilisateurs de ces faisceaux hertziens : EDF et Enedis préviennent qu'une éventuelle migration vers l'autre bande dévolue aux FH (6 GHz) ne se fera pas en un claquement de doigts. L'électricien prévoit "une dizaine d'années" pour réaliser ce déménagement "sans que cela impacte de façon significative" ses performances. L'entreprise estime notamment qu'une migration vers le 6 GHz nécessitera un redimensionnement conséquent de son réseau. Tout comme Enedis, qui anticipe une "reconstruction quasi-intégrale de l’infrastructure de pylônes".
1,5 GHz : La solution de Bouygues pour aller vite...
Les deux énergéticiens ne ferment toutefois pas la porte à des alternatives. Notamment la possibilité de "privilégier les zones géographiques denses" pour le déploiement du SDL sur la bande 1,4-1,5 GHz. Une option également suggérée par Bouygues Telecom, qui ne cache pas son scepticisme face à la date butoir de 2022, et la possibilité d'émettre de nouvelles autorisations FH d'ici là. Cela "ne nous rassure pas sur la capacité de la bande à pouvoir être réutilisée rapidement par le service mobile", écrit l'opérateur dans sa réponse à la consultation.
Pour aller plus vite, il propose ainsi lui aussi a piste d'un "partage fréquentiel et géographique" sur une section de la bande (1427-1452 MHz). L'idée serait de migrer dans un premier temps uniquement les FH situés en zone très dense ou à proximité, là où seront essentiellement réalisés les principaux déploiements "dans un premier temps", selon l'opérateur.
Ce dernier, tout comme SFR et Orange, juge en tout cas préférable que les 90 MHz ou 85 MHz de la bande L soient attribuée en une seule fois. Cela éviterait une segmentation des blocs, "au détriment de la contiguïté des fréquences et de l'usage efficace du spectre", écrit l'opérateur historique. "Des blocs de taille plus restreinte [que 20 MHz] réduiraient nécessairement l’intérêt pour cette bande au regard de l’effort de déploiement nécessaire", renchérit SFR.
... et celle de Free pour aller encore plus vite
Ces inconvénients n'émeuvent pas outre-mesure Iliad, qui propose une solution encore plus radicale. La maison-mère de Free plaide en effet pour un "scénario d'attribution immédiate" des 40 MHz sur l'intervalle 1452-1492 MHz, ou bande 32. Un segment en partie exploité par Orange pour des liaisons de téléphonie fixe en zones isolées, dans le cadre d'autorisations jusqu'au 31 décembre 2020. Et qu'Iliad souhaite voir investi au plus vite par les opérateurs, à raison de 10 MHz chacun.
L'opérateur souligne l'"importance particulière" que revêt pour lui la bande L, avec laquelle les antennes de son réseau sont "d'ores et déjà compatibles". Elle lui offrirait l'opportunité de "résorber partiellement l'asymétrie spectrale" par rapport à ses concurrents : 5 MHz de moins actuellement sur les fréquences basses ainsi que sur le 1 800 MHz.
Sur le plan des usages, ces 10 MHz supplémentaires permettraient ainsi "d'augmenter le débit descendant de près de 125 Mb/s", explique Free Mobile. Soit un "quasi doublement (...) par couplage avec le 1800 MHz dans un premier temps puis avec le 700 MHz dans un deuxième". Avant d'envisager, à terme, la fourniture de services 5G.