Après moult tergiversations, l’amendement sur les kiosques de presse numérique entre en vigueur ce 1er mars : SFR, Bouygues, Orange ne pourront plus appliquer la TVA réduite réservée à la presse sur une partie de l’abonnement facturé à leurs abonnés. Ce taux très réduit de 2,1%, qui leur permettait de gonfler artificiellement, mais légalement, leurs recettes hors taxes, sera désormais beaucoup plus encadré. Il ne sera appliqué qu’au prorata des sommes effectivement versées par ces kiosques aux éditeurs de presse, c’est-à-dire sur la base des exemplaires réellement consultés. Ce qui rendra la mécanique beaucoup moins fructueuse.
Plus de 500 millions d’euros d’optimisation fiscale
Pour rappel, cette martingale permettait à SFR Altice de dégager 200 millions d’euros supplémentaires en année pleine – chiffre confirmé par Patrick Drahi en personne. Soit près de 400 millions d’euros au total pour l’opérateur au carré rouge, premier à dégainer au printemps 2016. De son côté, Orange, qui offrait pendant six mois (jusqu’au 4 avril) à tous ses abonnés les services ePresse et Iznéo by Fnac (BD), pouvait espérer, selon nos calculs, une économie de TVA de l’ordre de 150 à 180 millions d’euros sur la période.
Bouygues incluait aussi d’autorité son bouquet presse dans la quasi-totalité de ces offres hors promotion depuis l'été 2017, et devra également tirer un trait sur ce juteux appoint. Tout comme Canal+, qui s’était engouffré dans la brèche en glissant le service LeKiosk à ses abonnés. Au total, on peut raisonnablement estimer que l’affaire aura coûté plus de 500 millions d’euros à l’Etat, qui goûtait peu cette manière d’optimisation fiscale.
Quel avenir pour les kiosques numériques chez les opérateurs ?
A présent que Bercy a mis fin à l’aubaine, reste à savoir ce que deviendront ces kiosques d'opérateurs. L’affaire est réglée pour Orange, qui ne comptait pas pérenniser la gratuité. Du côté de Bouygues, on envisage de n’offrir le service qu’aux abonnés positionnés sur les plus gros forfaits, selon les informations recueillies par Le Figaro. Chez SFR, enfin, « rien ne va changer pour nos clients », annonce le PDG Alain Weill, qui confie toutefois au quotidien national « réfléchir à une évolution du modèle de SFR Presse à moyen terme ». Pistes envisagées : « faire payer les plus gros lecteurs, réduire le volume de l’offre gratuite » ou encore « intégrer les versions premium des sites de presse ». On perçoit déjà quelques ajustements, néanmoins, puisque l’option SFR Presse n’est plus incluse avec les forfaits mobile RED, la marque à bas coût de SFR Altice.