L'effondrement tant redouté ne s'est donc pas matérialisé. Entre avril et juin dernier, les acteurs du déploiement de la fibre sont parvenus à couvrir 1,26 million locaux supplémentaire, soit près de 100 000 de plus que sur l'intervalle précédent. Le 2ème trimestre 2020 se révèle ainsi le meilleur jamais enregistré, derrière le record de fin 2019, dépassant pour la 5ème fois d'affilée le million de nouveaux locaux raccordables.
Au total, la France apparaît désormais à moitié couverte en fibre optique. Le pays compte en effet 20,8 millions de foyers, entreprises et sites publics raccordables, sur un total de 40,2 millions selon le dernier décompte de l'Arcep.
Rythme maintenu
Un résultat rassurant après des mois de mises en garde, bien qu'on puisse aussi voir le verre à moitié vide. "La situation sanitaire liée au Covid-19 n’a pas permis aux opérateurs de poursuivre leur importante accélération observée en fin d’année dernière", regrette ainsi l'Autorité de régulation des télécoms, en référence aux 1,6 millions de locaux équipés au 4e trimestre 2019. Cette première moitié d'année n'interdit toutefois pas d'envisager un nouveau millésime à 5 millions de lignes, bien supérieur aux dernières prévisions des industriels. Dans son observatoire du THD 2020, présenté en juin dernier, InfraNum tablait en effet sur seulement 4,3 millions en 2020, au lieu de 5,3 millions "hors effet Covid" :De quoi relancer le débat sur l'impact réel de la crise sanitaire sur les déploiements. Un plat dans lequel Patrick Chaize, président l'Avicca, n'hésite pas à mettre les pieds ce matin, à l'intention des opérateurs tentés de mettre sur le dos du virus "l'intégralité de leurs retards contractuels - voire leurs hausses brutales de coûts de déploiement" (emphase conservée, ndlr).
A cette controverse s'en ajoute une autre : celle portant sur les engagements de déploiement en zone AMII pris par Orange et SFR. Tout deux ont jusqu'à fin 2020 - cette échéance pourra être aménagée afin de tenir compte de la crise sanitaire - pour rendre raccordables un total de 16 millions de locaux à fin 2020, avec une tolérance de 8% raccordables sur demande. A six mois de l'échéance, Orange en est à 67% sur sa zone, et SFR 75%, note l'Arcep, pour qui "le rythme des déploiements sera critique sur les prochains trimestres". Les "efforts des opérateurs pour atteindre leurs objectifs" seront scrutés de près, prévient encore l'Autorité, dont l'approche est néanmoins contestée par les intéressés.
Orange cartonne sur les RIP
Il reste que cette zone moins dense d'initiative privée est encore la principale pourvoyeuse de nouveaux locaux raccordables au 2e trimestre : 735 000, soit 30 000 de plus que lors du précédent trimestre. Le tempo est insufflé par Orange, qui, avec 569 000 locaux raccordables supplémentaires améliore sa performance hivernale. SFR paraît quant à lui avoir plus souffert de l'épisode de confinement, et décélère pour le 3e trimestre de suite, à 139 000.
Effet inverse en zone très dense, où la locomotive Orange (+ 80 000) s'est légèrement enrayée, tandis que SFR (+ 10 000) accélère progressivement depuis plusieurs trimestres. Au total, les grandes villes enregistrent leur plus faible progression depuis la tenue des comptes par l'Arcep, ce qui leur permet malgré tout de franchir le cap des 6 millions de locaux raccordables.
Sur les zones d'initiative publique, enfin, les perturbations engendrées par la crise sanitaire n'ont pas empêché les déploiements d'accélérer sensiblement par rapport au 1er trimestre. Trois opérateurs d'infrastructure se payant même le luxe de faire mieux qu'en hiver : Altitude Infrastructure (87 000), SFR (83 000) et surtout Orange. Avec 140 000 lignes supplémentaires, l'opérateur historique signe même là un trimestre record. Au total, 435 000 nouveaux locaux ont ainsi été rendus raccordables dans les zones les moins denses du territoire, où 4 millions de foyers et entreprises sont désormais couverts.