Un peu partout en France, l’heure est au bilan pour Orange. Région par région, l’opérateur communique actuellement sur l’état du déploiement de ses réseaux fibre et 4G. Au programme également, un état des lieux des actions sur le réseau cuivre, dans un contexte de critiques récurrentes sur la qualité de service téléphonique et ADSL. Qu’en est-il en Bretagne ? Le point avec Damien de Kerhor (ci-contre), délégué régional d’Orange.
Orange : « Le cuivre n’est pas un réseau du passé »
C’est le dossier chaud du moment pour Orange. Sur le service universel de téléphonie fixe et sur la fourniture d’accès de gros pro et ADSL, l’opérateur historique a récemment reçu deux mises en demeure de la part de l’Arcep, lui enjoignant à respecter rapidement les niveaux d’exigence qui lui sont assignés. « Nous sommes revenus sur ces objectifs », tient d’emblée à rassurer Damien de Kerhor, pour qui les écarts relevés par le régulateur tiennent plus de l’accident de parcours que de l’affaissement structurel. La faute notamment à une multiplication d’« agressions violentes » sur le réseau, en lien avec une météo difficile et à la recrudescence des vols de câble, en hausse de 30% l’an passé.
Des arguments qui n’avaient pas ému outre-mesure le régulateur des télécoms, mais le représentant d’Orange insiste : « 2018 a été l’année la plus foudroyée de l’histoire de la météo », tient-il notamment à souligner. Tout en rappelant les « réalités opérationnelles » qu’engendre ces mauvaises conditions - impossible de monter sur une nacelle au-delà de 70 km/h de vent - qui dépassent selon lui la question du dimensionnement des moyens et des équipes.
Pour Orange, « le cuivre n’est pas un réseau du passé », martèle ainsi Damien de Kerhor. L’effort consenti par l’opérateur sur ce poste s’est ainsi accru ces dernières années, souligne-t-il, se traduisant par un coût moyen d’entretien à la prise en hausse de 18% en deux ans. Orange continue de recruter des techniciens spécialisés sur le cuivre, et renforce actuellement son dispositif grâce à des « pilotes » en back office, chargés de mieux qualifier les problèmes pour aiguiller les interventions. Orange Bretagne en a dénombré 740 000 en 2018, auxquelles se sont ajoutées 20 000 opérations structurantes. Dernier chiffre par lequel l’opérateur entend illustrer son implication sur ces questions : le remplacement en 2018 de quelque 14 500 poteaux sur l'ensemble de la région.
Fibre en Bretagne : Orange à mi-parcours en ZTD et AMII
En parallèle, le chantier de la fibre mobilise plus que jamais Orange. L’opérateur avance le chiffre d’un peu plus de 400 000 locaux raccordables en Bretagne à fin janvier 2019, sur un total de 780 000 à raccorder en zone très dense et AMII. « Cela correspond à notre plan de route », exlpique Damien de Kerhor, malgré de « petits aléas industriels » qui ont conduit par le passé à quelques « ajustements » sur certaines agglomérations. Au total, détaille-t-il, 130 000 locaux ont été rendus raccordables en 2018, et au moins autant le seront en 2019.
Un cadencement qui augure donc d’une forte accélération en 2020 : à la fin de l’année prochaine, l’opérateur devra en effet avoir achevé « l’essentiel » de ses déploiements en zone AMII, conformément à l’accord conclu cet été avec le gouvernement. L’essentiel, car cet accord aménage, au niveau national, une marge de 8% de locaux raccordables « à la demande » à fin 2020, que l’opérateur aura deux ans de plus pour rendre raccordables, tout court. Retrouvera-t-on cette proportion à l’échelon régional ?
La question reste pour l’heure en suspens. Car ce chiffre fait toujours l’objet de discussions entre Orange et les collectivités, dans le cadre de la réactualisation de la convention de programmation et de suivi des déploiements (CPSD) qui doit être signée prochainement. Celle-ci scellera en tout cas des « engagements renforcés », souligne le représentant de l’opérateur. Orange s’engagera dans ce document revisité sur du 100% adressable à fin 2019. Soit un an d’avance par rapport à l’actuelle convention sur cette notion d’adressable, qui avait engendré par le passé quelques malentendus avec les collectivités. Premier jalon, donc, vers le raccordement effectif de « l’essentiel » des locaux en zone AMII Orange d’ici deux ans, réalisation que Damien de Kerhor qualifie d’ores et déjà d’« exceptionnelle ».
Zone AMII : quand Orange cède son réseau à SFR
Autre accord en passe d’être signé : celui par lequel SFR reprendra la main sur certaines zones AMII d’Orange, consécutivement aux engagements de déploiement pris par les opérateurs l’été dernier. Sont concernées en Bretagne un peu plus de 80 000 lignes, sur les secteurs suivants : le sud de Rennes Métropole, Concarneau, Douarnenez, Morlaix-Saint-Martin-des-Champs, ainsi que trois communes bretonnes relavant de l’EPCI Cap Atlantique, à cheval entre Morbihan et Loire-Atlantique (Pénestin, Camoël, Férel). Orange y cédera à SFR la partie du réseau fibre en aval des points de mutualisation.
Source : carte fibre Arcep, déploiements à fin septembre 2018
L’opérateur historique dit avoir joué le jeu de cette redistribution, en respectant ses prévisions de déploiement jusqu’à fin 2018. Sur le sud de Rennes Métropole, par exemple, 18 000 lignes ont été rendues raccordables en 2018, « très au-delà » des prévisions transmises à SFR l’été dernier, fait valoir Damien de Kerhor. Cet accord entre Orange et SFR reste encore à formaliser sur la région, après plusieurs mois de discussions sur des aspects juridiques complexes. Convention d’occupation de l’espace public avec les différents acteurs, accords d’exclusivité avec les bailleurs sociaux se sont révélés compliqués à transférer d'un opérateur à l'autre dans un cadre réglementaire « pas vraiment adapté » à ce type d’opération, constate Damien de Kerhor. Mais ce dernier insiste : ces délais ne constituent « pas un obstacle » au démarrage des déploiements de SFR sur les nouvelles zones qui lui seront bientôt confiées.
Histoires de RIP : Mégalis et Vannes Agglo
Alors que s’achève la première phase de déploiement du réseau d’initiative public Mégalis sur 70 000 lignes, Orange, l’exploitant choisi par la région via sa filiale THD Bretagne, y demeure à ce jour le seul fournisseur d’accès fibre pour le grand public. Ce qui n’empêche pas le réseau d’afficher un taux de pénétration de 44%, très supérieur à la moyenne nationale sur les RIP.
La donne commerciale pourrait toutefois évoluer dans les prochains mois, après la décision du régulateur enjoignant à l’opérateur historique de proposer une offre d’accès activé au FAI Coriolis. « Nous allons respecter la décision de l’Arcep », réagit Damien de Kerhor, qui ne nous révélera pas si d’autres FAI se sont engouffrés dans la brèche. Rappelons au passage que Bouygues Telecom, qui devait faire son arrivée sur le réseau public breton en fin d’année, n’y a toujours pas commercialisé ses offres.
S’ouvre à présent la deuxième phase de construction du réseau portant sur le raccordement d'un million de locaux. Un chantier d'envergure pour lequel Mégalis a lancé un appel d’offres sur un marché de conception-réalisation estimé à 1,1 milliard d'euros hors taxes. Deux « consortiums solides » s'appuyant sur des « entreprises de renommée » ont répondu, a récemment indiqué le syndicat mixte. Sans surprise, Orange nous confirme être dans la course, dont le vainqueur sera connu le mois prochain.
Sur l’autre zone RIP de la région - Vannes Agglo – la situation est différente. Orange, qui n’en est pas le délégataire, mais construit son propre réseau sur la même zone, a mis ses déploiements en pause. Il s’agit de « respecter le temps de la discussion » en cours avec la collectivité et l’exploitant du RIP, Altitude Infrastructure. L’idée est de « fixer les modalités d’une cohabitation la plus intelligente possible » sur ce périmètre où les deux opérateurs sont à la manœuvre, afin si possible de limiter les zones de collision. Damien de Kerhor n’en dira pas plus : « Aujourd’hui, les options sont sur la table et les discussions sont très avancées ».
4G Orange : le déploiement quasi achevé en Bretagne
Sur le volet mobile, enfin, les ambitions d’Orange sont multiples. « Nous arrivons à la complétude de déploiement 4G », annonce le délégué régional d'Orange. « L’horizon est fin 2020, mais l’essentiel sera fait fin 2019 ». On parle ici d’équipement de tous les sites mobiles bretons d'Orange en antennes 4G, et non pas de couverture. Sur ce point, l’opérateur avance toutefois des chiffres de couverture théorique proches des 100% à fin 2018 : 99,8% de la population bretonne desservie en 4G, et 98,5% du territoire.
Source : Carte de couverture 3G / 4G Orange, mise à jour en février 2019
Mais Orange n’entend pas s’en tenir là, et a engagé plusieurs actions visant l'amélioration de la couverture et de la qualité de service, dans un cadre en partie posé par l’accord New Deal Mobile signé il y a un an avec le gouvernement. Cela passera notamment par la modernisation des baies radio sur 100% des sites mobiles 2G/3G/4G, « qui aura un impact sur la qualité de service », explique Damien de Kerhor. Intervention qui explique pourquoi certains abonnés mobiles de l'opérateur ont reçu récemment un SMS les avertissant de possibles perturbations temporaires dans leur secteur.
Egalement au programme, une amélioration de la couverture par l’ajout de fréquences basses – 800 MHz et 900 Mhz – afin de mieux épouser les reliefs, et, surtout, d’améliorer la pénétration du signal à l’intérieur des bâtiments.
En Bretagne, Orange entend également « fortement densifier » son réseau mobile en zone rurale afin d’y améliorer la qualité de service. Il s’agit de « rapprocher les émetteurs des clients », poursuit Damien de Kerhor, notamment grâce à la mise en place de nouveaux sites. Ce dans le cadre du New Deal mobile signé il y a un an, mais pas seulement : « l’initiative Orange sera plus importante », précise le responsable régional. Une densification qui doit également profiter à la desserte 4G fixe, afin d’« aider à gérer la période d’attente » de la fibre, ajoute-t-il. Sachant qu'à date, « deux tiers des communes de Bretagne sont éligibles à la solution 4G fixe d’Orange ».
Dernière priorité mise en avant par Orange : l’amélioration de la couverture et des débits sur les principaux axes de transport bretons, qu’il s’agisse du réseau ferroviaire régional ou des principaux axes routiers. L’opérateur y promet une « très bonne couverture » d’ici à fin 2020. De quoi répondre aux exigences inscrites dans l’accord New Deal, qui prévoyait entre autres des « obligations élevées de couvertures » sur les axes routiers prioritaires et le réseau ferré régional.