Une enveloppe de 7 milliards d'euros pour le numérique : c'est l'un des engagements du plan de relance dévoilé hier par le Premier ministre Jean Castex et plusieurs membres de son gouvernement. Une manne dont une partie vise à faire un sort à la fracture numérique, qui a "souvent amplifié des difficultés et inégalités existantes pendant la crise", peut-on lire dans le document reprenant l'ensemble des projets de France Relance. En appuyant plus franchement la lutte contre l'illectronisme, d'une part, dotée d'un financement de 250 millions d'euros. Et en se donnant les moyens de l'ambition, affichée début 2020, d'aller vers une "généralisation de la fibre" à fin 2025 dans le cadre du plan France THD.
Fibre optique : le compte y est presque
Concrètement, il s'agissait d'allouer des aides supplémentaires afin d'accompagner le déploiement de quelque 3 millions de lignes de fibre optique jusqu'à l'abonné (FttH) non encore financées. Sur ce point, le gouvernement consent finalement à doubler son effort, à la satisfaction des collectivités et de la filières des infrastructures numériques. Ces dernières chiffraient les besoins à 680 millions d'euros, l'exécutif bloquait depuis des mois à 280, à quoi venaient de s'ajouter 30 millions de rallonge votée par les parlementaires. Le plan de relance en promet 240 millions de plus, ce qui porte le total à 550 millions pour aider les collectivités à boucler leurs plans de financement.
"Nous approchons ainsi à un rythme satisfaisant des montants évalués par l’Avicca sur la base des dernières études", se félicite l'association des collectivités pour le numérique, "et pouvons estimer avoir les moyens de garantir un véritable 100% FttH en zone d’initiative publique". Même tonalité du côté de la filière industrielle : ces millions supplémentaires "permettent de s'approcher sensiblement de l'enveloppe budgétaire relative aux besoins estimés", analyse ainsi InfraNum dans un communiqué publié hier. La fédération salue au passage le projet de service universel de la fibre esquissé il y a quelques jours par le secrétaire d'Etat au Numérique Cédric O, non sans s'interroger sur les modalités de son "financement pérenne".
Le gouvernement a précisé au passage la finalité de ces nouvelles aides. L'ambition est d'une part de "prendre en compte les effets de la crise sanitaire qui impacte défavorablement les conditions financières de réalisation des projets". Avec l'objectif de mettre rapidement sur pied les prochains contrats pour lancer les chantiers dès 2021. L'épineuse question du coût des raccordements au réseau est également prise en compte : le nouvel effort financier du plan doit aussi aider les collectivités à "sécuriser l’éligibilité effective à la fibre optique des locaux les plus complexes à raccorder". Et de renchérir : "La crise a montré qu’il n’était pas acceptable qu’ils restent durablement à l’écart du très haut débit en raison du coût prohibitif des raccordements."
Entreprises et formation pas oubliées
Le plan de relance flèche par ailleurs 400 millions d'euros dédiés à l'accompagnement de la numérisation des entreprises, domaine dans lequel le retard de la France se constate étude après étude. Des fonds qui pourront notamment contribuer à financer leur "raccordement à la fibre, dont les coûts non standards vont désormais pouvoir bénéficier de subventions", relève InfraNum.
La fédération des industriels, tout comme l'Avicca, accueille également favorablement l'effort de 300 millions d'euros consacré à la formation. De quoi "faire baisser la tension sur les recrutements de la filière et cesser le recours massif aux travailleurs détachés", estime la représentante des collectivités. InfraNum pointe malgré tout la nécessité d'y adjoindre "une communication gouvernementale, via par exemple un vaste plan de communication sur l'intérêt et les métiers dans la fibre". La seule solution, selon elle, qui permettra de faire face au déficit de demande, afin de remplir des formations qui peinent encore à trouver leur public.