Avec l'explosion du trafic mobile notamment avec les usages vidéo, la possession d'un grand spectre de fréquences est un enjeu considérable pour les opérateurs. D'ici quelques semaines, l'ARCEP lancera un appel d'offres pour l'attribution de deuxième dividende numérique. Ce dernier est composé de fréquences dans la bande des 700MHz. Actuellement utilisées par des chaînes de la TNT, ces fréquences devront être vendues aux opérateurs télécoms. L'Etat espère tirer deux milliards d'euros de cette vente qui seront reversés au Ministère de la Défense.
A l'instar des fréquences de la bande des 800 MHz, ces fréquences sont aussi qualifiées de fréquences dites en "Or" en raison de leurs qualité de propagation à travers les immeubles.
Deux écoles s'affrontent
L'attribution de ces fréquences risque de se faire dans la douleur. D'un côté, certains à commencer par Free pensent qu'il faut un rééquilibrage des fréquences. En effet, Free est le seul opérateur à ne pas disposer de fréquences dites en or. Ce dernier n'avait pas souhaité surenchérir au moment de leur appel d'offres. Les partisans du rééquilibrage estiment que l'attribution de fréquences 700 MHz à Free permettrait un bon déploiement des réseaux très haut débit mobile. A ce titre, ils prônent que l'ARCEP réserve un lot de fréquences à Free. A ce jour Free ne possède que des fréquences en 2,6 GHz.
Quant au principal intéressé, bien évidemment, il plaide pour sa paroisse en parlant d'équité puisque sans ces fréquences il serait clairement évincé de la 4G et à terme ne tiendrait pas longtemps avec un réseau obsolète. « A terme, c’est le retour à un oligopole avec trois opérateurs qui se profile » profère-t-on dans le microcosme d'Iliad.
D'un autre côté, c'est-à-dire les concurrents de Free estiment que Free n'est plus le dernier entrant. Avec 10 millions de clients mobiles, il est devenu un opérateur à part entière. Pour eux, Free doit être logé à la même enseigne et payer le prix comme tout le monde. De plus, en réservant un lot de fréquences à Free, l'ARCEP tronquerait la mise aux enchères de celles-ci. De son côté, Free craint que les autres opérateurs ne surenchérissent à un point qu'il ne puisse pas suivre et soit définitivement écarté. En effet, que ce soit Orange Bouygues Telecom ou SFR-Numericable, ils disposent tous les trois de réserves suffisantes pour empêcher Free de suivre.
Vers un procès ?
Les concurrents de Free ne sont pas près de désarmer. Pour certains, si l'ARCEP réserve un lot pour Free, ils sont déjà prêts à aller au procès. Toutefois, avec un Etat à la recherche de 5 à 10 milliards d'euros pour faire face aux nouvelles dépenses en sécurité, il est fort probable qu'ils n'aient pas besoin d'aller si loin. Le gouvernement pourrait être tenté de jouer la carte des enchères sur toutes les fréquences. Après tout, cela lui a plutôt réussi la dernière fois.