C'est l'une des grandes promesses du Président Emmanuel Macron : apporter la fibre optique à tous les Français d'ici à 2025. Mais alors que le déploiement de la fibre optique s'est fait à la vitesse de la lumière pendant des années, il commence à ralentir dangereusement. A tel point que le gouvernement n'est plus très sûr d'atteindre son objectif. Pour y arriver, il pourrait utiliser la manière forte et sanctionner les opérateurs.
Le déploiement de la fibre optique marque le pas...
Comme tous les trimestres, l'Arcep, le régulateur des télécoms publie les résultats de son suivi du marché des services fixes à à haut et très haut débit. Hier soir, il a publié les chiffres au 30 juin 2023. Et les nouvelles ne sont pas rassurantes. Au cours du second trimestre, la couverture en fibre optique a progressé de deux points pour s'établir à 83% de foyers raccordés. A date, 36,2 millions de locaux sont éligibles au très haut débit avec la fibre optique. La France reste le pays d'Europe où le déploiement de la fibre est le plus avancé. Il n'empêche. Il ne progresse plus au rythme auquel il devrait progresser. Au cours du deuxième trimestre, (seulement) 870000 locaux supplémentaires ont été rendus raccordables à la fibre FttH. C'est 20% de moins que sur la même période de l'année dernière.
Dans les zones très denses, à savoir les 106 plus grandes villes, 92% des foyers sont couverts. Mais seulement 50000 nouveaux locaux ont été raccordés lors du second trimestre. C'est moitié moins par rapport à la même période de l'année précédente. En outre, relève l'Arcep, "il existe une forte disparité dans l'avancement du déploiement dans les zones très denses". A Marseille, seulement 81% des locaux sont raccordés, 85% à Montpellier, 86% à Lille, ou encore 89% à Toulouse, Nantes et Strasbourg.
Même constat dans les zones moins denses d'initiative privée (3600 communes situées en dehors des grandes agglomérations), avec seulement 130000 nouveaux locaux raccordés au très haut débit. C'est aussi moitié par rapport à la même période de l'année passée. Le déploiement de la fibre s'établit à 88%.
Enfin, dans les zones moins denses d'initiative publique, où la fibre est déployée avec le soutien des collectivités territoriales, 600000 nouveaux locaux ont été raccordés. Mais le taux de raccordement plafonne à 74%.
... Et le gouvernement s'inquiète
Comme nous venons de le voir, le déploiement de la fibre optique a ralenti au cours du second trimestre. Et si le gouvernement s'inquiète, c'est que ce n'est pas un accident. Car c'était déjà le cas au cours du premier trimestre, avec une baisse d'environ 20% par rapport à la même période de l'année passée. Et l'Arcep faisait le même constat : le déploiement de la fibre optique stagne dans les zones très denses et les zones moins denses d'initiative privée et il ne progresse pas assez rapidement dans les zones rurales où la fibre est déployée par des réseaux d'initiative publique soutenus par les collectivités territoriales.
Résultat : le gouvernement n'est plus sûr d'atteindre son objectif de 100% des Français raccordés à la fibre en 2025, qui est pourtant une promesse du Président Emmanuel Macron.
Dans certains territoires, cela ne pose pas de problème. Mais dans d'autres, un retard considérable a été pris. Et les opérateurs qui déploient la fibre, à savoir Orange, SFR, Free et Bouygues Telecom rapportent des coûts en hausse : achever le déploiement de la fibre pourrait plus de trois milliards d'euros. Le gouvernement est conscient de la situation et il a ouvert des négociations avec les opérateurs. Mais il veut des garanties. Le problème, c'est que tous les opérateurs ne tiennent pas leurs engagements.
Pour les contraindre d'accélérer, il envisage mêmes des sanctions. Elles pourraient s'élever à 3% du chiffre d'affaires annuel de l'opérateur. Orange est plus particulièrement dans le viseur. Dans certaines communes situées en zones moins denses d'initiative privée où il déploie la fibre, un retard énorme a été pris.
Mais heureusement, le nombre d'abonnés continue d'augmenter
La fibre optique continue de séduire les Français. En effet, au 30 juin 2023, la France compte 19,8 millions d'abonnés à une offre internet en fibre optique. Ce qui représente 62% du nombre total des abonnements (+11 points en un an). Entre le 31 mars et le 30 juin 2023, 790 foyers ont souscrit un abonnement une offre fibre, contre 825000 un an auparavant. Malgré un léger reflux, "la croissance du nombre des abonnements en fibre optique reste soutenue", positive l'Arcep.