Nomotech est l'opérateur d'infrastructure radio partenaire de Covage/Sem@for77 pour le déploiement du 1er réseau THD radio apparu sur la carte d'appels à manifestation de l'Arcep dans le 77. Des solutions qui privilégient bien sûr les acteurs qui étaient déjà acteurs sur la Boucle Locale Radio.
Aussi présent sur plusieurs autres territoires en zones pilotes et en pré-développement du THD radio, nous avons pu échanger avec un de ses responsables sur cette concrétisation du processus d'attribution LTE fixe initié par l'Arcep fin 2017.
Interview de Philippe Le Grand, Vice Président de Nomotech :
Degroupnews : Quelle sont les perspectives THD radio dans les années à venir pour Nomotech avec ce guichet THD radio ?
Philippe Le Grand : Pour nous c'est une super bonne nouvelle, la preuve que les choses bougent. On savait que le département de la Seine et Marne allait être le 1er demandeur sur l'observatoire de l'Arcep. Et qu'il sera bientôt attributaire de la fréquence.
Mais il y en a plein d'autres qui vont suivre, avec en premier lieu la demande de Charente Numérique (le dossier en cours de dépôt). Et parmi les autres collectivités avec qui nous travaillons, il y a déjà trois nouvelles demandes qui devraient arriver entre le mois de juin et d'octobre prochain. Ensuite, il y a d'autres projets comme la région Bourgogne, qui vont faire aussi l'objet d'un dépôt de dossier.
Ce sont nos projections sur cette année 2018, mais avec peut-être d'autres bonnes surprises d'ici là. En 2019, nous aurons au moins une dizaine de dossiers, départementaux ou régionaux, qui seront déposés sur le THD hertzien (sur la fréquence 3,5GHz).
Nous n'avons pas encore de détails sur 2020, mais logiquement cela devrait encore s'accélérer. Au final, on arrivera au moins à 1/3 de la couverture en France avec cette fréquence, et plus surement à 50% en 3 ans ! Nomotech est le principal acteur sur cette technologie THD radio, en particulier sur des projets départementaux. Et nous nous positionnerons sur tous les projets LTE fixe qui seront ouverts.
DN : Dans le 77, où en êtes vous du déploiement et de l'activation du réseau THD radio ?
PLG (Philippe Le Grand) : Là, on a quasiment la moitié du réseau qui est prêt. L'ouverture commerciale du réseau pourra se faire très rapidement avec les opérateurs qui pourront proposer leurs offres. Et fin mars 2018, l'ensemble du réseau sera ouvert. Ensuite, il tournera tant qu’il sera nécessaire. Au fur et à mesure que la fibre sera déployée, on pourra migrer nos abonnés de la radio vers la fibre. Et si jamais il y a du retard sur le déploiement fibre, le réseau pourra perdurer.
On profite d'une bonne qualité grâce à la capillarité du réseau fibre optique de Covage en Seine-et-Marne. Avec déjà pas mal de points hauts qui sont déjà fibrés avec la collecte via le réseau actuel. 90% des points hauts existaient avant. Mis à part quelques cas spécifiques, les sites sont déjà opérationnels. En 10 mois, on aura déployé et activé tout le réseau, là où une infrastructure fibre optique aurait demandé des années de travaux.
Aujourd'hui, pour les débits, nous sommes sur la fourchette basse de débits de 30Mbit/s, mais prochainement, sur nos réseaux, les capacités devraient être à la hausse... On veut donner leurs lettres de noblesse aux technologies radios et faire table rase d'anciennes technos hertziennes mal utilisées et déceptives.
DN : Comment cela se passe-t-il pour un client qui veut savoir s'il est éligible aux offres ? Les cartes de l'Arcep intégreront-elles cette couverture THD radio ?
PLG : Pour Ozone par exemple (NDLR : qui appartient à Nomotech), il suffit de faire un test sur le site, avec son adresse. Et la possibilité de positionner précisément sur la carte le curseur sur le logement. Si vous êtes éligible, vous aurez l'information du débit estimé. Nous mettons à jour nos cartes au fur et à mesure des activations. Chaque opérateur commercial présent pourra ensuite proposer ses offres.
Sur l'Observatoire France THD fixe, le THD radio y figure déjà un peu (NDLR : couverture WiMax radio), mais insuffisamment. C'est un sujet que nous avons en ce moment à la FIRIP. Afin que l'information de couverture THD radio soit mieux intégrée sur la prochaine version de l'Observatoire (NDLR : annoncée pour l'été 2018 par l'Arcep).
L'avenir de la technologie THD radio sera l'IoT pour des territoires intelligents et ultra-connectés
DN : Quel est l'avenir de cette technologie THD radio et des infrastructures, surtout une fois que la fibre sera là ?
PLG : Il y a cette ruée vers la fibre, ce qui est absolument normal et tout à fait dans l'air du temps. Toutefois on sait qu'il faudra énormément de temps pour la déployer et en attendant il faudra des technologies hertziennes. Ensuite, c'est toujours le même sujet que l'on entend depuis 15 ans. Et à chaque fois, on a trouvé de nouveaux usages de ces points hauts pré-équipés. En l'espèce, on se tournera massivement vers l'IoT et la 5G.
On a la chance d'avoir des antennes, des armoires techniques, des raccordements aux réseaux d'énergie et des conventions d'occupation. Dans les projets des collectivités, la densification des déploiements IoT peut générer une réutilisation de ces infrastructures. On travaille déjà sur la 5G et dans 4 à 5 ans, on sera en situation à proposer des offres Gigabit sur les fréquences que nous utilisons (NDLR : la partie haute du 3,4-3,6GHz sera utilisée par la 5G).
DN : Vous avez déjà de sites qui utilisent les technologies SigFox, LoRa et autres réseaux IoT ?
PLG : Oui, nous travaillons avec ces acteurs mais nous avons surtout notre propre structure Nomosphère pour l'IoT. Nous avons déployé des solutions avec Nice Métropole ou dans le RER A. Nous travaillons aussi avec les collectivités partenaires sur nos points hauts pour déployer des réseaux LoRa.
DN : Les informations sur le newdeal mobile est-il une menace pour les projets LTE fixe ?
PLG : Non, c'est une vraie bonne nouvelle ! On est très heureux que le Gouvernement soit arrivé à cet accord historique. Maintenant, ce qu'on attend, ce sont les modalités d'application et de contrôle.
En matière de couverture mobile des territoires, une grande confiance n'exclut pas une petite méfiance. On a déjà connu de par le passé un certain nombre d'accords de ce type... et autant de déceptions.
Cela n'empiète pas sur nos platebandes car la 4G mobile c'est tout juste du bon débit. Et certainement pas du Très Haut Débit. Nous on amène du THD fixe avec au minimum 30 Mbit/s et du quadruple play (internet, TV, téléphonie fixe et mobile) à nos clients. Le mobile c'est du monoplay, certainement pas du dualplay ou mieux. Avec des limitations techniques de 5 à 20 utilisateurs par cellule.
Nous, avec nos sites, nous pouvons adresser plusieurs centaines de clients par site avec une grande évolutivité. Il nous suffit de rajouter des antennes. Tous les sites ont été dimensionnés pour pouvoir accueillir de nouveaux matériels. On est passé de l'artisanat il y a quelques années à une approche industrielle. Et cela dans tous nos process.
DN : Comment se positionne Nomotech vis-à-vis des collectivités dans le dépôt des dossiers THD radio ?
PLG : Notre rôle est d'accompagner les collectivités. Dans l'absolu, pour déposer un dossier, c'est à la charge soit de la collectivité, soit de l'opérateur. Mais nous, on préfère que les collectivités gardent la maîtrise de leur environnement numérique.
On aide évidemment les collectivités à constituer leurs dossiers. Y compris pour leurs études de couverture, qu'elles peuvent également effectuer avec des cabinets conseils pour les études territoriales, en suivant les SDAN. Sur la partie technique des projets, notamment sur le chiffrage (budget), nous intervenons bien entendu, parfois même en amont (avant-projet sommaire). Il y a des territoires où nous serons les dépositaires du dossier, et le détenteur de la fréquence, mais toujours pour le compte de la collectivité.
THD radio et aménagement numérique des territoires
PLG : En guise de conclusion, je souhaite revenir sur cet accord sur l'attribution de la bande 3,5GHz pour le LTE fixe. On peut dire que pour la 1ère fois, une fréquence est attribuée aux bonnes fins de l'aménagement numérique des territoire. Sans être dans un processus d'enchères de la valorisation de ce patrimoine immatériel national. C'est dans la logique du Gouvernement qui l'a reproduite pour la téléphonie mobile et la 4G mobile en proposant aux opérateurs d'allonger la durée d'utilisation des licences en contrepartie d'un engagement de couverture.
C'est la même chose pour la fréquence 3,5GHz, c'est une chance historique. Pour une fois qu'on n'est pas en train de les racketter. Et en plus, les collectivités locales sont totalement respectées. Comme indiqué par le ministre durant l'AVICCA, elles ont la totale main sur les enjeux d'aménagement. Et comme on dit : maintenant, y'a plus qu'à !
Par Didier Latil