Bouygues, SFR et Iliad avaient sauté le pas, ne restait plus qu'Orange. L'opérateur historique s'apprête à céder partiellement ses réseaux fibre et mobile, annonce-t-il à l'occasion de son nouveau plan stratégique Engage 2025. Une manière de "mieux valoriser ses infrastructures" tout en dégageant de quoi continuer à les développer. Une première ébauche de calendrier a également été annoncée pour l'extinction du réseau cuivre en France.
Mobile : les pylônes Orange à vendre
Premier étage de la fusée : la cession partielle des tours de téléphonie mobile. Orange emboîte le pas à ses concurrents en préparant l'entrée d'investisseurs sur ces actifs, représentant au total 40.000 pylônes à travers l'Europe. A cette fin, l'opérateur va créer des sociétés dédiées, des TowerCos, "dans la plupart de ses pays européens", annonce-t-il dans son communiqué. L'opération doit notamment lui permettre de trouver une gestion plus efficace de ces infrastructures, mais aussi "mieux faire comprendre et révéler la qualité et la valeur de ces actifs". Autrement dit aiguillonner le cours de Bourse de l'opérateur, pour qui le marché fait trop peu de cas du potentiel de son parc de pylônes.
Source : Orange - présentation du plan stratégique Engage 2025
Orange pourrait également céder une participation minoritaire de ces TowerCos, mais pas systématiquement, a précisé son PDG Stéphane Richard. Une option retenue par ses rivaux français, Bouygues Telecom, Altice - SFR puis Iliad. non seulement pour se dégager du cash, mais aussi pour "optimiser" leurs dépenses d'investissement sur le réseau mobile, alors que se profile le mur de la 5G. Pour le surmonter, l'opérateur annonce d'ailleurs qu'il s'appuiera sur des accords de mutualisation des réseaux (RAN-Sharing), déjà signés en Pologne, Roumanie, Espagne et Belgique. Reste à savoir si une telle piste sera explorée en France, ou les ambitions "en termes de rythme, de couverture et de capacités financières" sont précisément jugées beaucoup trop élevées par les opérateurs.
Rendez-vous est pris en 2020 pour préparer les premières entités, en France et en Espagne. A terme, l'ensemble des unités européennes serait rassemblées dans une TowerCo continentale "pour saisir les opportunités de consolidation du marché des tours".
Les RIP Orange vers une cession partielle
36 millions de locaux éligibles à la fibre Orange en 2023, soit la quasi totalité des foyers et entreprises français. C'est l'objectif annoncé aujourd'hui par l'opérateur, qui pourra notamment compter sur 23 millions de lignes déployées par ses propres soins. 19 millions resteront sa propriété à 100%, dans les zones d'investissement privé (ZTD et AMII). Les 4 autres millions, construits en zone rurale sur les réseaux d'initiative publique (RIP), seront en revanche partiellement cédés.
Source : Orange - présentation du plan stratégique Engage 2025
Une filiale dédiée aux RIP, Orange Concessions, doit ainsi voire le jour l'année prochaine, afin d'y faire entrer à terme des "partenaires". De quoi alimenter les caisses, toujours en permettant à l'opérateur de "maîtriser" ses dépenses d'investissement. Qui seront probablement conséquentes là aussi, afin de faire face à la construction de quelque 3,5 millions de lignes de fibre optique lors des 3-4 prochaines années. Et pas forcément les plus simples. Avec aussi en ligne de mire des "opportunités de consolidation" : quelques jours seulement après le rachat de Covage par SFR, Orange fait clairement savoir qu'il fourbit aussi ses armes pour étendre son emprise sur la fibre en France.
Au passage, l'opérateur esquisse ses ambitions sur le plan commercial : un débit jusqu'à 10 Gb/s en fibre optique aussi bien pour le grand public que pour les pros, ainsi que le lancement e "nouveaux services associés".
L'extinction du cuivre a un calendrier
Une fois que la fibre optique irriguera l'ensemble du territoire, qu'en sera-t-il du cuivre ? La question est de plus en plus pressante, et Orange met enfin une date sur l'arrêt du réseau historique. Celui-ci serait "décommissionné" en 2030, à l'issue d'un plan d'extinction qui démarrera en 2023. Le tout précédé d'une "optimisation (...)très progressive" du réseau cuivre et d'une "phase d'expérimentation", promet l'opérateur. A l'occasion du colloque TRIP de l'Avicca il y a un mois, un aperçu des différentes étapes de ce "décommissionnement" avait d'ailleurs été communiqué par Orange.
Un planning qui avait été alors communiqué sans date... On peut donc désormais y ajouter le jalon de 2023 pour le début de la "fermeture commerciale" des accès xDSL dans les zones intégralement fibrées. Et celui de 2030 pour celui de leur "fermeture technique".
Source : présentation Orange - colloque TRIP Avicca automne 2019