Observatoire de la qualité des réseaux en fibre optique : c'est quoi l'objectif ?
En matière de fibre optique, la France est une locomotive européenne, avec le plus grand nombre de lignes FttH déployées et le deuxième plus nombre de lignes déployées sur l'année écoulée. En effet, au 31 décembre 2022, la France comptait 34,5 millions de locaux raccordables à la fibre optique (80%), dont 4,8 millions sur la seule année 2022. Avec 18,1 millions d'abonnés à une offre en fibre optique (57%), toujours au 31 décembre 2022, la France est aussi championne d'Europe en la matière.
En France, le déploiement et les abonnements à la fibre optique progresse au pas charge et on peut s'en réjouir. Mais, ces chiffres cachent une réalité un peu moins flatteuse.
Sur les 34,5 millions de foyers raccordés à la fibre, 16,4 millions ne sont toujours passés à la fibre FttH. Parce qu'ils ne savent pas qu'ils sont éligibles à la fibre, mais aussi parce que la fibre optique ne bénéficie pas toujours d'une très bonne image, malgré tous ses avantages.
D'ailleurs, dans un article de nos confrères du Monde, Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep, indique un lien de cause à effet entre la « légère baisse du nombre de nouveaux abonnements » enregistrée en 2022 par rapport à 2021 (3,6 millions contre 4 millions) et « la mauvaise presse qui est faite régulièrement à la fibre, à cause des situations invraisemblables ou des débranchements sauvages vécus par certains de nos concitoyens, lors de raccordements ».
En effet, pas une semaine ne se passe sans qu'un élu ou un citoyen fasse état d'un problème de raccordement ou d'une panne sur un réseau en fibre optique. Débranchements sauvages, câblages anarchiques, armoires techniques dégradées. Voilà pourquoi l'Arcep a décidé de prendre le taureau par les cornes et de publier tous les trimestre un observatoire sur la qualité des réseaux en fibre optique, comme nous vous l'annoncions dans un article publié le 27 juin.
L'objectif de cet observatoire sur la qualité des réseaux en fibre optiquen'est pas de tant de montrer du doigt les mauvais élèves, mais plutôt d'"améliorer la qualité des interventions des techniciens des opérateurs commerciaux sur les réseaux en fibre optique, de renforcer les contrôles et corriger des malfaçons" et de "reprendre les réseaux les plus accidentogènes", qui regroupe environ 2% des lignes exploitées sur le territoire. En somme, de faire un état des lieux sur la santé des réseaux fibre déployés en France à l'aide d'une cartographie. Une évaluation faite sur quelque 90 réseaux entre novembre et avril.
Quelles sont les conclusions de cet observatoire ?
En terme d’échecs au raccordement
Le taux d'échec au raccordement, c'est l'’incapacité de connecter un abonné une fois celui-ci raccordé au réseau de l’opérateur. Précision iùportante, ce ne sont pas les opérateurs commerciaux qui sont montrés du doigt mais les opérateurs d'infrastructures, chargés du déploiement et de la maintenance des réseaux.
Dans le Calvados, la Haute-Savoie, plusieurs départements du quart sud-est ou d'Alsace-Lorraine ainsi que quelques réseaux en Essonne, ce taux est supérieur à 11 %. Plus précisément, la situation est encore un peu plus critique dans certains réseaux d'initiative public, avec des taux d'échecs au raccordement bien supérieurs :
- 29,8% sur le RIP des Rives de Moselle
- 24,8% sur le RIP Tutor Nancy
- 22,54% sur le Tutor Europ'Essonne
- 19,15% sur le RIP Sequantic Telecom (Essonne)
- 18,45% sur le RIP Tutor Calvados
Tous ces Réseaux d'Initiative Publique sont gérés par l'opérateur Altitude Infra. Mais, dans deux d'entre eux (Tutor Calvados, Tutor Europ'Essonne), la fibre n'a pas été déployée par Altitude Infra. "Les réseaux construits initialement par Tutor, repris par Covage puis par XP-Fibre n’ont bénéficié d’aucun investissement dans les phases de changement d’actionnariat financier", se défend l'opérateur dans un communiqué.
Il a repris ces réseaux en mauvais état et promet de les remettre à niveau rapidement. "Nous avons engagé un plan de rénovation sur 2 ans avec plus de 21 millions d’euros afin de restaurer les sites les plus accidentogènes, mettre les réseaux en conformité et garantir un service à la hauteur de nos exigences", promet-il.
L'opérateur ne manque pas de souligner que sur ces réseaux d'origine, représentant 92% de son parc, le taux d'incidents est de seulement 0,1%.
Pour le reste, dans certaines zones moyennement denses où la fibre est déployé par Altice (SFR), comme dans l'Eure, en Seine-Maritime, la Saône-et-Loire, le Puy-de-Dôme ou encore les Yvelines, on observe aussi des taux d'échecs au raccordement supérieurs à 10%, notamment dûs à une mauvaise conception initiale. D'ailleurs, Altice s'est également engagé sur un plan de reprise de ses réseaux dégradés.
En revanche, partout en zones moyennement dense où la fibre est déployée par Orange, le taux d'echecs au raccordement est systématiquement inférieur à 7%.
Concernant les pannes
Les pannes, qui occasionnent une indisponibilité temporaire de l'accès à l'Internet ou à la téléphonie, elles se situent surtout en Essonne, Seine-et-Marne, Haute-Savoie, Calvados, Seine-Maritime ou encore dans les Bouches-du-Rhône et la région Rhône-Alpes. À un niveau plus local, la situation est précaire sur les RIP Sequantic Telecom et Tutor Europ'Essonne, avec un taux de pannes supérieur à 5%.