L’exclusivité, ça ne marche pas. Les dirigeants d’Altice SFR en conviennent désormais publiquement. Ils s’apprêtent ainsi à confier à leurs concurrents le droit de retransmettre leurs contenus premium, à commencer par la très chèrement acquise Ligue des Champions. Annoncé chez Bouygues et Orange la saison prochaine, peut-être sous le nom plus commercialement correct de RMC Sport, le bouquet SFR Sport et sa compétition reine devraient ainsi être accessibles aux non-abonnés SFR directement depuis leur décodeur.
Des accords qui visent à amortir de lourds investissements auxquels le modèle de distribution de SFR Sport semblait peu adapté, entre recrutements poussifs malgré ces contenus exclusifs et performances très moyennes de l’offre OTT 100% Digital. Le pari de la convergence tel que l’avait imaginée SFR semble avoir vécu.
Exit SFR Sport et consort
La nouvelle gamme de forfaits Internet SFR au 6 mars apporte une manifestation supplémentaire de ce changement de cap : les abonnements Internet désormais commercialisés par la marque au carré rouge ne comprennent plus les contenus exclusifs du groupe. SFR Sport, SFR Play et autres Altice Studio sont désormais proposés en option, moyennant 5 à 10€ de plus par mois. En d’autres termes, ces contenus premium qui ont échoué à doper les recrutements et la part de marché du groupe sont désormais invités à soigner sa rentabilité.
Au passage, SFR Presse se voit également évacué de l’ensemble des offres (hors premium Pro), quelques jours seulement après le durcissement des règles permettant aux opérateurs d’appliquer le taux de TVA réduit réservé à la presse.
Baisses de prix
Pour éviter, en parallèle, de trop perdre en attractivité, le fournisseur transige sur ses tarifs, en particulier sur le cuivre : la facture mensuelle des futurs abonnés ADSL s’allégera ainsi de 5€/mois hors promotion. FttH et câble sont quant à eux facturés 99 centimes moins cher qu'auparavant hors promotion, dans une grille tarifaire qui privilégie désormais les prix ronds. Les prix promotionnels proposés les 12 premiers mois se veulent également plus alléchants : 2€ moins cher qu'auparavant en Starter, et jusqu'à 8€ de moins en Premium.
SFR passe à l’Orange
Mais la recherche de rentabilité ne s’arrête pas aux contenus : la nouvelle grille déployée aujourd’hui par SFR met également en évidence une volonté de segmenter beaucoup plus franchement ses offres. Côté débit, par exemple, avec l’introduction d’une limite à 400 Mb/s sur l’offre Power (contre 1 Gb/s auparavant). Ou encore sur le versant téléphonie : les appels vers les mobiles disparaissent en effet de l’entrée de gamme Starter, tandis que le haut de gamme Premium récupère les fixes et mobiles d’Europe. Même le nombre de chaînes disponible varie en fonction des formules, ainsi que la capacité de stockage dans le cloud.
Cette approche segmentée en rappelle furieusement une autre : celle d’Orange, qui déploie lui aussi en escalier ses trois offres Zen, Play et Jet, notamment en fonction des débits et de la téléphonie. Et dont, du reste, SFR réplique les tarifs à l’identique (en incluant les 3€ de frais de location de box pour Orange). Et ce jusque dans la différenciation ADSL/THD, le très haut débit en FttH ou câble s'affichant à 4€ de plus au bout de 12 mois chez SFR, contre une majoration de 5€ chez Orange. Recette gagnante ?