Altice-SFR a annoncé il y a quelques jours son plan son plan pour Fibrer la France.
C’est une première proposition de réponse de l’opérateur à la demande du gouvernement pour booster le déploiement du Très Haut Débit sur les territoires.
Pour faire simple, Altice-SFR propose à ce jour avec ce plan :
- De fibrer intégralement les territoires sur ses fonds propres d’ici fin 2025
- De construire et d’opérer un réseau fibre optique ouvert et activé, afin de pouvoir accueillir les offres de n’importe quel opérateur (pour particuliers et entreprises)
Michel Paulin, Directeur Général de SFR
DegroupNews : Pouvez-vous nous confirmer l’annonce d’Altice-SFR sur ce projet de Fibrer la France, et nous expliquer sa genèse ?
Michel Paulin : C’est très simple ! Notre ambition aujourd’hui est d’apporter la fibre optique à l’ensemble des français, en couvrant 80% du territoire avant fin 2022 et 100% avant fin 2025.
Notre constat d’aujourd’hui est celui d’une ambition forte des pouvoirs publics mais d’un modèle désuet pour répondre à cette volonté politique. Ce modèle actuel a été dévoyé, ne permettra pas de fibrer la France et fait appel aux subventions publiques de façon excessive.
Notre objectif est de fibrer intégralement la France sur fonds propres. Sans argent public ! Ce projet répond à la volonté du Président de la République. Et il est totalement conforme à l’esprit et à l’intention de ce qu’a indiqué le Premier ministre encore très récemment.
DegroupNews : Pour couper court à toute nouvelle polémique de la part de certains concurrents, vous parlez bien ici de fibre optique jusqu’à l’abonné ?
Michel Paulin : Oui, tout à fait, il s’agira de FttH. Même si une bonne partie de notre parc actuel est en FttB, le travail de modernisation de ce réseau pour proposer à nos clients un débit d’un Gigabit a déjà consisté à déployer massivement de la fibre optique. Nous avons presque achevé la rénovation de notre réseau FttB en Gigabit. La vaste majorité de notre parc est désormais en Gigabit ! Dès 2017, nous allouons d’importants moyens pour la construction de nouvelles lignes en FttH, et nous voulons pouvoir faire passer le FttB en FttH en zone très dense !
Et surtout, nous ne souhaitons pas retomber sur l’éternelle polémique de la fibre optique. D'ailleurs, ce genre de débat n’existe pas dans d’autres pays ! L’important c’est l’expérience client, les débits et les contenus.
DegroupNews : En cumulant les 12 derniers mois, Altice-SFR a construit environ 1,5 million de prises fibre (surtout du FttH). Comment allez-vous arriver à une capacité de 2,5 millions de prises annuelles annoncées ?
Michel Paulin : Nous avions toujours annoncé vouloir disposer d’une usine de production permettant de déployer environ 2 millions de prises par an. Ces nouvelles ambitions ne nous semblent pas, par conséquent, constituer un effort surhumain. Notre modèle industriel est calibré pour atteindre cet objectif et est structuré autour de 3 piliers majeurs :
- Le premier est le rachat l’an dernier d’une société qui se nomme désormais Altice Technical Services, avec des équipes de techniciens pour assurer ces déploiements. Nous avons actuellement des équipes dédiées, spécialisées (soudeurs, tireurs de câble…) qui sont au service de SFR.
- Le second est un constitué par nos partenaires. Nous travaillons avec de nombreuses sociétés de BTP ou de la fibre. Ce sont par exemple Circet, Capcom Groupe, SPIE, Eiffage…
- Le 3ème vient de notre expérience internationale et de nos services R&D, notamment sur la production des équipements actifs. Grâce à Altice Labs, nous avons nos propres systèmes optiques et matériels activés nous permettant de déployer de la fibre à 1 Gbit/s et bientôt jusqu’à 10 Gbit/s.
DegroupNews : Comment allez-vous gérer la carence actuelle en profil de la filière fibre pour respecter ces déploiements ? Surtout si en parallèle, les autres opérateurs d’infrastructure continuent à déployer leurs propres réseaux FttH, notamment sur les RIP ?
Michel Paulin : Il est clair que tout ce qui concerne l’emploi autour de ces métiers-là est un enjeu. Un enjeu positif, avec une filière qui sera là pour les 10 ou 20 prochaines années. C’est une filière d’avenir, une filière locale, et je suis heureux de participer avec SFR à la création d’emplois. C’est un sujet et c’est pourquoi nous avons des partenariats avec des collectivités locales pour créer des écoles et des centres de formations.
DegroupNews : Concernant ce réseau FttH, il sera ouvert et activé, y compris au niveau des offres FttH pour les entreprises, via une nouvelle filiale dédiée ?
Michel Paulin : Absolument. La filiale Altice Infrastructure sera opérationnelle pour commencer les travaux dès la rentrée. SFR Collectivités continuera à exister, opérant des réseaux THD avec des DSP, en partenariat avec les régions concernées. Nous sommes absolument convaincus que nous pouvons construire ce nouveau réseau sur fonds propres ; nous en avons la capacité financière et la capacité technique.
Ce réseau sera ouvert à tous les opérateurs qui voudraient proposer leurs offres dessus. Tous nos derniers réseaux sur des RIP proposent déjà des offres activées et ce sera le cas sur ce réseau. Nous ne voulons pas recréer une situation de monopole car nous en avons trop souffert par le passé. Par ailleurs, ce débat est un peu curieux selon nous, car les opérateurs (OCEN) ne se pressent pas pour venir sur les RIP FttH activés SFR alors que cela est déjà possible.
DegroupNews : Du fait de ce projet Fibrer la France, alors que Bouygues Telecom et Free annoncent venir proposer leurs offres sur des RIP opérés par des Axione, Covage ou Altitude, SFR ne proposera pas ses offres sur ces réseaux FttH ?
Michel Paulin : Nous aurons notre propre réseau fibre.
DegroupNews : Attendez-vous une ‘validation’ de votre projet de la part du gouvernement d’ici septembre pour lancer votre plan Fibrer La France ?
Michel Paulin : Nous avons annoncé notre plan, nous avons la capacité et la volonté de le faire. Et nous irons au bout. Sur les zones d’initiative publique, un opérateur privé a le droit de déployer son propre réseau en fonds propres. La législation est très claire.
Là où la situation est plus complexe, ce sont les zones AMII. Il y a un accord de répartition, en très large faveur d’Orange. Nous avons dénoncé cette répartition en demandant un rééquilibrage. J’ai eu l’occasion d’indiquer au gouvernement notre détermination à renégocier cet accord.
Ce rééquilibrage correspond également à la volonté gouvernementale de booster le Très Haut Débit en France. Il y a une procédure en cours, mais soyons clairs, notre volonté est de Fibrer la France dans son intégralité. Le gouvernement a fixé la rentrée pour recevoir les propositions et finaliser de nouvelles consultations…
Interview par Didier Latil