La filière de la fibre optique craignait une année noire. Finalement, 2020 aura été une année record. En termes d'abonnement - et le Covid-19 n'y est pas pour rien - comme en termes de déploiement. Sur ce dernier point, les industriels des réseaux ont même surpassé les pronostics les plus optimistes pour construire quelque 6 millions de lignes supplémentaires sur l'année, selon le dernier observatoire publié par l'Arcep.
Plus de 10 millions d'abonnés à la fibre
Les chiffres des précédents trimestres l'avaient déjà suggéré, tout comme les performances record des opérateurs en 2020. Sur fond de crise sanitaire et de confinement, les Français se sont massivement tournés vers cette technologie Très Haut Débit pour muscler leur connexion domestique ou professionnelle.
À fin 2020, la fibre optique comptait ainsi 3,3 millions de clients de plus qu'un an plus tôt, dont 2 millions enregistrés sur le seul second semestre. De quoi porter le volume total d'abonnements FttH à 10,4 millions, soit 70% des abonnements Très Haut Débit (plus de 30 Mb/s) dans le pays.
Un engouement qui a aussi son revers : l'inquiétude croissante entourant la qualité des raccordements à la fibre. Une opération cruciale sur laquelle exploitants de réseaux et fournisseurs d'accès se sont engagés cette semaine à améliorer leur collaboration, dans le cadre d'un "accord majeur".
24 millions de locaux raccordables
Au-delà du contexte sanitaire, cette franche accélération est aussi à mettre en lien avec la dynamique de déploiement. Jamais autant de lignes n'avaient été construites en une seule année : 5,8 millions, dont 1,9 million lors d'un 4e trimestre record lui aussi.
Le nombre de logements et entreprises pouvant bénéficier d'un accès FttH s'affichait ainsi à 24,2 millions. Soit près de 60% du nombre total de locaux dans le pays, selon la dernière estimation de l'Arcep. Sachant que l'objectif du plan France THD est d'atteindre 80% d'ici à fin 2022.
L'autre objectif est d'apporter à 100% des locaux du pays une couverture par au moins une technologie THD : fibre jusqu'au domicile ou au bâtiment, VDSL 2, box 4G, THD Radio, satellite. De ce point de vue, l'instantané à fin 2020 donnait 70% du pays couvert.
Le plus dur reste à faire
"La pleine mobilisation de l’Etat aux côtés des collectivités territoriales et des opérateurs fait reculer chaque jour un peu plus la fracture numérique", s'est félicité à cette occasion le secrétariat d'Etat à la transition numérique et aux communications électroniques. Tout en convenant que le travail était loin d'être terminé. C'est sans doute même le plus dur qui reste à faire, pour atteindre une couverture intégrale en fibre optique des différentes zones de déploiement, et commencer à envisager l'extinction du réseau cuivre.
En témoignent les difficultés à atteindre la complétude des déploiements dans les zones très denses. Ou les questions entourant la disponibilité effective des accès fibre en zone AMII (villes moyennes et agglomérations). Des secteurs qu'Orange et SFR s'étaient engagés à rendre 100% raccordables ou raccordables sur demande à fin 2020. Et où, malgré leur accélération notable depuis deux ans, il n'en sont respectivement qu'à 76% et 91% de locaux raccordables - la notion de raccordable sur demande restant quant à elle purement théorique pour l'instant. Le gouvernement dit à cet égard travailler avec les deux opérateurs pour que ces derniers puissent donner "davantage de visibilité sur la disponibilité de leurs offres de fibre optique (FttH) dans les 3 500 communes concernées".