15 jours après le lancement de Free Mobile, Xavier Niel s'est exprimé sur sa nouvelle marque. Ce n'est pas à des journalistes qu'il a du répondre mais à des parlementaires. Le vice-président et directeur général d'Iliad, la maison mère de Free, était auditionné par la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale.
Après lui avoir fait remarqué qu'il était la première personne à être auditionnée sans cravate, les députés ont exprimé des critiques plus sérieuses auxquelles le patron de Free a répondu avec transparence. Il a reconnu que Free a été dépassé par l'ampleur des demandes. « Oui, au premier jour, nous avons été débordés par notre succès. Nous avons reçu trois à quatre millions de demandes d'informations, alors que nous en attendions à quelques milliers », a précisé Xavier Niel.
Toutefois, si le pic de demandes est derrière nous, tous les abonnés n'ont pas eu la chance de changer d'opérateur sans encombre. « Désormais, notre problème majeur concerne la portabilité ».
La Chaine Parlementaire (LCP), Live 24/24 par LCP
Cette opération qui consiste à changer d'opérateur tout en conservant son numéro de téléphone est assurée par le GIE (Groupement d'Intérêt Économique) Portabilité. Or cet organisme prévu pour gérer 10 000 demandes par jour, s'est retrouvé face à quatre fois plus de trafic.
Confirmant qu'il y a bien eu des chassés-croisés avec les cartes SIM voire des pertes laissant des clients sans téléphones pendant des jours, Xavier Niel rappelle que leur nombre s'élève qu'à quelques centaines sur des centaines de milliers d'abonnés. « Nous avons eu des problèmes avec les clients dans le cadre des portabilités de numéro. Cela concerne quelques centaines de SIM qui ont pu se perdre. » Selon certaines estimations, Free Mobile serait en passe d'atteindre 1,5 million d'abonnés. Toutefois, sur ces chiffres, le patron de Free est resté évasif parlant de centaines de milliers de clients.
Concernant les attaques sur l'état de son réseau (les concurrents affirmaient que des antennes relais n'étaient pas encore allumées), Xavier Niel a déclaré que « son réseau était ouvert et fonctionnait de manière significative. » Il ne s'est pas privé de rappeler que le régulateur des télécoms, l'ARCEP, avait constaté que Free avait bien atteint son objectif de couverture de 27 % de la population et que si les opérateurs « estimaient que l'ARCEP n'avait pas fait son travail », ils n'avaient qu'à la poursuivre. Il a aussi rappelé que Free avait pour obligation de couvrir 90 % de la population en 2018 et qu'il faisait tout pour être en avance. En attendant le réseau de Free est suppléé par l'accord d'itinérance signé avec Orange.
Par ailleurs, celui que l'on surnomme le trublion de l'Internet n'a pas hésité à en remettre une couche en traitant les consommateurs « de vaches à lait » et a rappelé comment était construit le modèle de Free : plus de 70 % du capital appartient aux salariés, lui se verse un salaire 20 à 30 fois inférieur à celui de ses concurrents soit 173 000 € bruts annuels. En outre, plus du tiers du chiffre d'affaires est réinjecté : « 37% de notre chiffre d'affaires est réinvesti, c'est à dire la totalité de notre cash. L'investissement c'est notre truc. »
Cette audition intervient trois jours après l'interview de Stéphane Richard dans le Parisien qui s'estimait insulté par Xavier Niel. La semaine prochaine, ce sera autour du patron d'Orange de s'expliquer devant la commission.