Combien de locaux à raccorder à la fibre optique en France ? Pour en estimer le nombre, l'Arcep s'appuyait jusqu'ici sur les données de l'Insee, mais l'image restait inexacte. Il y a quelques jours, les contours ont commencé à ses préciser grâce à l'intégration, dans ses données publiées en open data, des fichiers IPE (Information préalable enrichie) émanant des opérateurs. Des informations réclamées de longue date par l'Association des collectivités pour le numérique (Avicca), et que cette dernière s'est empressée d'examiner.
Objectifs "irréalistes"
Résultat : une "douche froide". Sur les quelque 9 000 communes pour lesquelles ce sont désormais les fichiers IPE qui font foi, le nombre de locaux est largement supérieur à celui précédemment estimé. En particulier en zone AMII (villes moyennes et secteurs périurbains), casus belli notoire entre les opérateurs qui y déploient et l'Avicca. Cette dernière y dénombre "1,82 million de locaux non comptabilisés" dans l'ancien référentiel, arrêté à 13,5 millions environ. C'est sur cette base qu'Orange et SFR ont pris des engagements contraignants devant le gouvernement - 92% de raccordables à fin 2020 et 100% à fin 2020. A cette aune, "les objectifs qui semblaient déjà inatteignables - y compris avant la crise sanitaire actuelle - semblent désormais irréalistes", commente l'Avicca.
Débat houleux
Voilà qui ne va pas apaiser un débat déjà bien houleux sur la question. Si l'association se prononce "sans ambiguïté" pour un "gel" du calendrier afin de tenir compte des fortes perturbations engendrées par la crise sanitaire, "le Covid-19 ne pourrait être tenu pour seul responsable de l’ensemble des retards que l’Avicca et l’Arcep mesurent depuis des années", poursuit-elle. Une petite musique déjà entendue cette semaine du côté du régulateur, et qui a le don de faire sortir les opérateurs de leur gonds.
Le surcroît de locaux dans les autres zones s'avère, sur la base de ces données encore parcellaires, plus limité, calcule en outre l'association. 300 000 logements et autres établissements de plus que prévu en zone très dense, et près de 500 000 en zone d'initiative publique. De quoi inciter les adhérents de l'association tributaires de RIP à la "vigilance", conclut l'Avicca.