Accélération
Celle du déploiement de la fibre optique bien sûr. Plus de 4 millions de lignes FttH supplémentaires en rythme annuel au dernier pointage effectué par l'Arcep. A la fin du 3e trimestre 2019, l'Autorité de régulation dénombrait ainsi 16,7 millions de locaux raccordables en fibre, soit près de 50% des foyers et entreprises français. Une trajectoire qui devrait permettre d'atteindre l'un des objectifs du Plan France THD : 80% de locaux raccordables en fibre à fin 2022.
Blanches
Comme les zones toujours sans couverture mobile, près de deux ans après l'accord New Deal. 2019 a notamment vu territoires et opérateurs s'empoigner sur les modalités d'identification des zones prioritaires. Les premiers reprochent aux seconds de manquer de transparence sur leurs intentions de déploiement, les seconds estiment que les premiers se rangent trop volontiers derrière les anti-ondes à l'approche des municipales. L'Arcep estime quant à elle que les choses ne vont pas assez vite, et a adressé un premier rappel à l'ordre aux opérateurs l'été dernier.
Cuivre
La généralisation de la fibre optique jusqu'au domicile se profile : il est temps d'entamer la chronique de la mort annoncée du cuivre. Orange vient ainsi d'esquisser un premier calendrier d'extinction du réseau cuivre, à partir de 2023, jusqu'à son "décommissionnement" en 2030. Reste à se mettre d'accord sur les réglages fins, notamment en matière de tarification, afin d'accomplir cette transition sans heurts.
Détestable
C'est l'amabilité que se renvoient depuis quelques jours collectivités et gouvernement sur la question du financement de la fibre en zone rurale. Un poste sur lequel l'exécutif n'entend pas aller au-delà des 3,3 milliards d'euros déjà consentis dans le cadre du plan France THD. Déjà illustrée par le feuilleton des AMEL, la parcimonie de l'Etat s'agissant du FttH rural a achevé de hérisser les collectivités fin décembre 2019.
Enchères
L'attribution des premières fréquences 5G dans la bande des 3,5 GHz interviendra finalement en juin 2020. Quelques mois de retard que l'on doit notamment aux tractations de l'automne 2019 sur la taille et le prix des blocs de fréquences. L'Etat. décidément jaloux de ses deniers, insistait sur des modalités qui lui permettraient de maximiser ses recettes, contre l'avis de l'Arcep et des opérateurs. Lesquels ont finalement obtenu l'étalement du paiement de la facture (2,17 milliards d'euros minimum). Un désaccord surmonté, mais ça n'est pas le seul.
Source : dossier de presse Arcep, 17 décembre 2019
Fréquences
On a donc beaucoup parlé de la bandes des 3,5 Ghz, la première qu'Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free pourront exploiter en 5G. Mais on s'est aussi intéressé en 2019 à d'autres portions du spectre dédiées au réseau de 5e génération. La bande des 26 Ghz, d'abord, jamais utilisée pour la téléphonie, et dont l'exploration va commencer. Mais aussi la bande 1,5 Ghz, dont l'Arcep a commencé à préparer la libération après 2022 via une consultatrion publique, lors de laquelle Free et Bouygues Telecom se sont montrés particulièrement empressés.
Gigabit
La Société du Gigabit, c'est l'ambition portée par Bruxelles depuis 2016 afin de permettre à tous les foyers Européens de bénéficier, en 2025, d'un débit de 100 Mb/s "pouvant évoluer vers 1 Gb/s". Mais aussi d'apporter ce gigabit aux établissements publics et aux entreprises dépendantes du numérique. Quelle part de fibre et de solutions hertziennes alternatives (5G fixe, satellite, THD Radio) permettront à la France d'être au rendez-vous ? L'écosystème THD attend du gouvernement qu'il fixe une trajectoire claire.
Huawei
Les doutes entourant la sûreté des équipements du constructeur chinois empoisonnent le processus d'attribution des fréquences 5G. Contraints d'obtenir l'aval de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) pour installer leurs équipements 5G, les opérateurs craignent de voir leurs coûts de déploiement exploser en cas de refus. Ils continuent de réclamer plus de visibilité et ont même demandé au gouvernement de "surseoir au lancement de l’appel à candidature pour les fréquences 5G" faute de clarifications. Sans émouvoir l'exécutif, qui leur répond "sécurité des Français".
IPV6
La pénurie d'adresses IPV4 est devenue réalité fin 2019, rendant la transition vers IPV6 "impérative" a encore insisté l'Arcep en fin d'année. Si les progrès des opérateurs sont salués dans le dernier baromètre de la transition vers IPV6 de l'Autorité - et permettent à la France de réaliser un bond au classement européen, ils apparaissent encore largement insuffisants et disparates entre réseaux fixes et mobiles.
Source : baromètre IPV6 de l'Arcep
Julien Denormandie
On profite de la concurrence moins intense sur la lettre J pour glisser un mot sur le ministre en charge du sujet THD depuis 2017. Un dossier que l'intéressé a conservé malgré sa promotion au ministère de la Ville fin 2018, et sur lequel il n'a jamais manqué d'afficher son volontarisme. Sans pour autant pouvoir répondre pleinement aux demandes des collectivités, en particulier sur la partie financière, pilotée depuis Bercy et Matignon...
Kosc
Les déboires de l'opérateur de gros ont défrayé la chronique des télécoms d'entreprise au 2e semestre 2019. Victime des atermoiements de ses actionnaires, désavoué par l'Autorité de la concurrence et en guerre ouverte avec SFR, Kosc est finalement parvenu à poursuivre son activité grâce à une procédure de redressement judiciaire. L'avenir de l'entreprise se jouera dans les prochains mois, avec peut-être une reprise par un gros poisson du secteur.
Lignes
En concurrence (déloyale ?) avec le terme de prises lorsqu'il s'agit d'évoquer les volumes de déploiement de la fibre optique. Tant qu'un client n'est pas raccordé, on parlera d'une ligne FttH, Une fois qu'il sera effectivement raccordé, on pourra parler de prise. Une cause terminologique qui dispose même désormais de son compte Twitter dédié.
Mise en demeure
L'Arcep a brandi son bâton à plusieurs reprises cette année : sur la complétude du déploiement fibre pour Orange, SFR et Free, sur la lenteur de mise en œuvre du New Deal pour les quatre opérateurs de réseaux mobiles. En janvier 2019, Orange s'est en outre vu notifier deux autres mises en demeure sur l'accès à la boucle locale et la qualité de service des offres de gros pour le marché entreprises. Un surcroît d'attention qui n'a pas plus à l'opérateur historique (voir lettre Q).
New Deal
Deux ans après la "signature" de l'accord, où en est-on des engagements des opérateurs ? S'agissant de la généralisation de la 4G à fin 2020, le quatuor affiche un taux de sites en 4G de 83 à 85%. Soit 10 à 15 points de mieux qu'il y a un an en fonction des opérateurs, pour qui l'année qui s'annonce sera intense s'ils veulent tenir leur engagement de 100% à fin 2020. Hors programme Zone blanche Centre-Bourg, où tout reste à faire ou presque, selon le tableau de bord du New Deal. Quant au dispositif de couverture ciblée, il a produit au 3e trimestre 2019 ses 4 premiers sites sur les quelque 1 150 demandés aux opérateurs...
Ouverture
2019 aura été l'année de l'ouverture massive a des partenaires financiers des infrastructures des opérateurs, qu'il s'agisse d'Altice-SFR ou d'Iliad notamment. De quoi leur permettre de réduire leur endettement mais aussi le poids des dépenses d'investissement sur leur bilan, dans un contexte de déploiement de la fibre à marche forcée et d'arrivée de la 5G. Même Orange s'est converti en annonçant il y a peu la filialisation d'une partie de ses infras fixes et mobiles, pour y faire entrer dans certains cas de nouveaux investisseurs.
Poteaux
C'étaient l'une des décisions attendues pour faciliter le déploiement du FttH en zone rurale. L'assouplissement des règles présidant au calcul de charges sur les poteaux ENEDIS afin qu'ils puissent être réutilisés pour la fibre. Une première avancée même si, dans les faits, les délais d'étude pour accéder aux appuis aériens d'Enedis ou Orange sont encore jugés beaucoup trop longs.
QPC
Trois lettres qui ont provoqué un sacré émoi à la rentrée : la Question prioritaire de constitutionnalité déposées par Orange visant à remettre en question le pouvoir de sanction de l'Arcep. Agacé d'essuyer les mises en demeure du régulateur, l'opérateur historique a rué dans les brancards, avant de faire machine arrière sur cette initiative qui a fait la quasi-unanimité contre elle. D'aucuns craignent toutefois qu'Orange n'ait montré la voie à d'autres acteurs qui souhaiteraient à l'avenir priver l'Autorité de son bâton.
RIP
Les réseaux d'initiative publique ont été au centre de l'attention à plus d'un titre cette année. Entre autres parce que le déploiement de la fibre optique y est passé à la vitesse supérieure : plus de 1 million de locaux raccordables supplémentaires, et sans doute plus de 3 millions de lignes FttH au total à fin décembre. La question du financement des derniers projets a largement animé les débats, comme nous l'avons vu plus haut. Et comme nous le verront ensuite, l'année 2019 fut aussi celle de l'arrivée massive sur les RIP des grands opérateurs nationaux.
Source : Avicca, observatoire des RIP, automne 2019
Stoc
Pour "Sous-traitance opérateur commercial", le mode de raccordement privilégié par Orange, SFR, Bouygues et Free pour raccorder les utilisateurs finaux sur les RIP. La seule solution pour "faire du volume" et ainsi raccorder rapidement les milliers de locaux nouvellement éligibles, font valoir les opérateurs. La cause de malfaçons, d'échecs de raccordement et de dégradation progressive du réseau, leur opposent les détracteurs du mode stoc. Une empoignade qui devrait se poursuivre en 2020...
THD Radio
L'une des technologies identifiées comme solution d'attente à la fibre jusqu'au domicile. Mais dont les promoteurs n'entendent pas faire de la simple figuration, et défendent la pertinence dans le cadre de la Société du Gigabit. Encore faut-il pour cela avoir des fréquences : les projets THD Radio ont ainsi arraché cette année un peu plus de temps pour en décrocher auprès de l'Arcep. Ils devront en outre composer avec la 5G, installée sur la même partie du spectre dans la bande des 3,5 GHz.
Universel
Comme le service permettant à tout un chacun de bénéficier de la téléphonie fixe. Choisi comme prestataire en 2017, régulièrement tancé par les collectivités et mis en demeure par l'Arcep fin 2018, Orange a défendu son bilan il y a quelques jours au Sénat. Son PDG Stéphane Richard y affirmait que son entreprise s'était donné les moyens de rentrer dans les clous en 2019. "Les indicateurs sont respectés et je ne pense pas que de ce côté-là il y aura matière à nous sanctionner" a-t-il indiqué. Tout en jugeant "surréaliste" l'exigence qui s'impose à Orange sur ce service dont personne ne veut et qui "ne rapporte que des coups et des ennuis".
Vingt-Sept
Le nombre de départements en attente de solution de financement pour compléter le déploiement de la fibre en zone d'initiative publique. Le tout pour un coût estimé entre 6 et 700 millions d'euros, dont près de la moitié seront absorbés par la Bretagne et l'Auvergne. Voir aussi Détestable.
Wibox
Le FAI de proximité tirera sa révérence dans quelques jours, ses clients passant sous pavillon Nordnet au 1er janvier. Une première conséquence de la nouvelle donne concurrentielle sur les RIP, investis massivement par Orange, SFR, Bouygues et Free cette année. "L'arrivée des 4 opérateurs majeurs redistribue les cartes sur le marché du grand public", convient la maison-mère Altitude Infrastructure. Reste à savoir si la puissance des poids lourds aura raison aussi des autres fournisseurs présents sur les RIP comme Coriolis, K-Net, Ozone ou Vidéofutur.
X,Y
X et Y pour matérialiser les inconnues entourant l'accès à la fibre pour les professionnels, et plus généralement la transformation numérique des entreprises. Si le mauvais classement de la France sur ce point est rappelé à longueur d'interventions et de rapports, la question reste à prendre à bras le corps par les pouvoirs publics, comme l'a rappelé le dossier Kosc. De plus en plus de voix s'élèvent pour demander aux diverses instances de l'Etat une véritable vision pour les télécoms professionnelles afin d'y stimuler une concurrence moribonde. A n'en pas douter un des dossiers brûlants de 2020.
Zone AMII
Elles expliquent en grande partie l'accélération fulgurante du déploiement de la fibre optique en 2019. Dans ces zones AMII, terme désignant les villes moyennes et les secteurs périurbains, Orange et SFR ont (enfin) mis le turbo en 2019. Avec, pour chacun, un engagement chiffré à respecter sous peine de sanctions financières. Un indicateur qui sera scruté attentivement l'année prochaine : les deux opérateurs devront avoir atteint 92% de locaux raccordables sur leurs zones respectives d'ici à fin 2020. Rendez-vous dans un an...