
On ne parle pas de l'interdiction des VPN. Néanmoins, il pourrait peut-être bientôt ne plus y avoir de VPN en France. En effet, quelques uns des meilleurs VPN menacent de quitter la France. Et pour cause : alors que la lutte contre le piratage s'intensifie, ils sont assignés en justice par plusieurs ayants-droits, à commencer par Canal+.
La guerre est déclarée entre Canal+ et les VPN
Le torchon brûle entre Canal+ et les VPN qui s'écharpent sur le sujet brûlant du streaming illégal. Et c'est peu de le dire. Et ça fait un moment que ça dure.
En effet, en fin d'année dernière, la Ligue de football professionnel pour la Ligue 1 et la Ligue 2, et Canal+ pour ses compétitions comme la Ligue des Champions et la Ligue Europa ont assigné une première fois les premiers les VPN, afin de protéger leurs droits.
La décision n'a pas encore été rendue que Canal+ assigne une nouvelle fois devant la justice les principaux fournisseurs de VPN : NordVPN, Proton VPN, Cyberghost, Surfshark VPN et ExpressVPN. Cette fois-ci, le groupe de la chaîne cryptée entend protéger sa diffusion de la saison de la Moto GP, diffusée en exclusivité sur Canal+, dont la saison a repris le 28 février dernier.
Et il ne serait pas étonnant de voir Canal+ en faire de même pour protéger ses droits de diffusion de la Formule 1, qui a repris le week-end dernier, et qui est également diffusée en exclusivité sur Canal+.
Les meilleurs VPN menacent de quitter la France
En multipliant les assignations en justice contre les VPN, Canal+ entend protéger ses droits, alors que les chaînes Canal diffusent en exclusivité de nombreux évènements sportifs. En faisant appel à la justice, Canal+ entend protéger ses droits exclusifs de diffusion et ses précieuses retransmissions, qui boostent les abonnements à Canal+.
Et pour cela, le groupe de la chaîne cryptée, en sa qualité, d'ayant droit, multiplient les demandes de blocages de plusieurs milliers d'URL et ainsi limiter au maximum l'accès aux contenus protégés par des droits d'auteurs via le streaming illégal.
Si les VPN sont dans le collimateur de Canal+ et de la justice, c'est parce que les réseaux privés virtuels permettent de contourner les géorestrictions. Avec un VPN, il est en effet possible aux internautes de se géolocaliser virtuellement dans un autre pays afin de contourner les mesures de blocages de services pirates. De cette manière, ils peuvent accéder gratuitement à des flux diffusés depuis l'étranger alors qu'ils sont payants en France.
Bref, selon Canal+, les VPN permettent, voire encouragent le streaming illégal. Faux, répond la VPN Trust Initiative : "Les VPN ne facilitent pas le piratage. Ils n’hébergent pas, ne stockent pas, et ne font pas la promotion de matériel protégé par des droits d’auteur", se défend-elle. Et de tacler sévèrement les ayants droits et les autorités françaises en les appelant à "reconsidérer leur approche et à lutter contre le piratage à la source plutôt que de cibler des technologies qui protègent la confidentialité et la sécurité des utilisateurs".
Pour appuyer ses dires, elle s'appuie sur l'Arcom. Dans son bilan 2023 de lutte contre le piratage de contenus sportifs et culturels, l'Agence de régulation de la communication audiovisuelle et numérique explique en effet que "l’implication des fournisseurs de VPN et de DNS alternatifs dans l'application de la loi, aux côtés des FAI, permettraient de renforcer l'efficacité des mesures de blocage et d'intensifier la lutte contre le piratage".
D'ailleurs, selon elle, le piratage a diminué de 27% entre 2021 et 2023. Mais visiblement, ce n'est pas suffisant pour Canal+. Ce sera à la justice de trancher. Mais en cas de décision défavorable, les meilleurs VPN pourraient bien mettre à exécution leur menace de quitter la France.