Pour commencer, rapide analyse de l’évolution des abonnements très haut débit (>30 Mb/s), dont la trajectoire s’infléchit au 2e trimestre, selon les chiffres de l’observatoire haut et très haut débit publiés par l’Arcep. L’Autorité de régulation des télécoms dénombre en effet 7,85 millions d’abonnés à très haut débit à fin juin, soit 373 000 de plus qu’au 1er trimestre, alors que la progression avoisinait les 500 000 lors deux trimestres précédents.
Un ralentissement plus marqué sur le THD inférieur à 100 Mb/s (VDSL 2, câble, THD radio, 4G fixe) que sur la fibre. Avec 325 000 abonnements supplémentaires, cette dernière a ainsi représenté 90% de l’augmentation des abonnements très haut débit au 2e trimestre (contre 70% trois mois plus tôt).
Source : Arcep
Déploiement FttH : trimestre record
Au total, 3,9 millions de locaux détiennent désormais un abonnement en fibre optique, sur un total de 11,8 millions éligibles. Le déploiement a ainsi battu un nouveau record au 2e trimestre 2018. L’Arcep recense en effet quelque 800 000 nouveaux locaux raccordables en FttH par rapport au trimestre précédent, contre une hausse de 668 000 sur l’intervalle précédent. En rythme annuel, la cadence se maintient : +33% de locaux éligibles à la fibre optique, soit une progression de 2,8 millions en 12 mois.
Au printemps dernier, l’Agence du Numérique, en charge du plan France THD, tablait sur un total de 3 millions de prises déployées en 2018. Projection qui se voit donc confirmée au mitan de l’année, et qui, si tout se passe bien, devrait être dépassée.
Zones AMII : cadence sous surveillance
Pour autant, cette accélération reste insuffisante, prévient l'Arcep, qui appelle les acteurs du déploiement à « encore intensifier leurs efforts ». Un avertissement qui vise en particulier Orange et SFR, désormais tenus par un objectif clair en zone AMII (villes moyennes et périphéries des grandes agglomérations) : d’ici à fin 2020, les deux opérateurs devront avoir achevé le déploiement sur leurs zones respectives, avec une tolérance à 8% de locaux « raccordables sur demande » (raccordés sous six mois sur commande d’un fournisseur d’accès). Faute de quoi ils s'exposeront à des pénalités financières.
A fin juin, précise l’autorité, Orange avait accompli 40% de son objectif, tandis que SFR avait parcouru 26% du chemin. Un décompte qui permet de prendre la mesure de l’accélération nécessaire. Pour arriver à raccorder 92% de sa zone (11,1 millions de locaux) à fin 2020, l’opérateur historique devra tenir une cadence moyenne de 576 000 locaux raccordés lors des 10 prochains trimestres, à comparer avec 409 000 au T2 2018. Orange retrouve son rythme du T4 2017 après un trou d’air hivernal. Encore loin de la trajectoire idéale, mais bien plus proche que SFR.
Locaux raccordables au sein des périmètres d’engagement d’Orange et SFR en zone « AMII »
source : Arcep
Si la filiale d'Altice bat son propre record au 2e trimestre, avec 83 000 locaux raccordables supplémentaires, elle reste encore loin de la cadence souhaitée. Compte-tenu du dernier pointage, celle-ci doit en effet s'élever à 176 000 par trimestre en moyenne pour fibrer 92% de sa zone (2,55 millions de locaux au total) en temps et en heure.
Réseaux publics : Axione nouveau n°1
En zone RIP aussi, les opérateurs d’infrastructure accélèrent, avec un total record de 183 000 raccordables au 2e trimestre, selon les données publiées par l'Arcep. Une dynamique notamment alimentée par Axione (+ 63 000) et Altitude Infrastructure (+ 56 000), devant Orange et Covage (+23 000 chacun). Dernier arrivé sur le marché, TDF ouvre son compteur avec 8 035 locaux raccordables sur Val d’Oise Fibre, tandis que SFR Collectivités (+4 000) ferme la marche. Avec 309 000 locaux raccordables, la filiale d’Altice se voit ainsi ravir la 1e place des opérateurs de RIP par Axione, qui pointe désormais à 318 000.
Source : open data Arcep
Mutualisation sur les RIP : baisse passagère ?
Au total, 1,5 million de locaux bénéficient désormais d’un raccordement FttH sur les réseaux d’initiative publique. L’Arcep n’a pas encore précisé le nombre d’abonnés en fibre optique sur cette zone ; au trimestre dernier, elle en recensait environ 300 000. L’Autorité observe par ailleurs un repli du taux de mutualisation : seules 28% des lignes déployées en zone rurale permettaient de choisir entre au moins deux opérateurs au 2e trimestre, contre 30% au trimestre précédent.
Pour l’Arcep, cette régression s’explique par l’« effet de dilution » dû à une progression des déploiements plus rapide que la commercialisation. Un phénomène que l’accélération commerciale des opérateurs nationaux sur les RIP tiers enclenchée cet été – avec notamment l’arrivée effective de SFR sur plusieurs RIP Axione – devrait contribuer à résorber.