Présents sur les réseaux DSL dans de nombreux territoires, les fournisseurs d’accès à Internet associatifs souhaitent désormais passer à la fibre. Leur planche de salut : les réseaux d’initiative publique (RIP), les seuls où sont proposées les offres dites « activées » qui correspondent à leurs capacités financières limitées. Ainsi, un premier FAI associatif, Illyse, s'apprête à proposer des accès fibre dans la Loire, sur le réseau d'initiative publique THD 42, après un appel aux dons fructueux.
Mais encore faut-il que ces offres activées existent, qui plus est à des conditions commerciales abordables. C’est ce que se propose d’examiner ce premier baromètre FttH réalisé par la Fédération des FAI associatifs (FFDN), sur la base des catalogues collectés auprès des délégataires des contrats publics. Un travail de fourmi dont les résultats se révèlent très instructif à plusieurs égards.
Peu d’offres activées
Premier constat : le baromètre FFDN dénombre seulement quelque 30 départements dont les RIP proposent une offre activée. Là où Orange et SFR sont aux manettes des réseaux publics, notamment, cette alternative n’est pas disponible, à quelques rares exceptions près (Mayenne, Seine-Maritime). Le terrain de jeu potentiel des opérateurs associatifs s’en trouve donc sensiblement restreint, tout en gardant à l’esprit que sur nombre de départements, la fédération n’est pas parvenue à récupérer les informations.
Source : ffdn.org
Des RIP accueillants mais aucune copie parfaite
Là où des offres activées existent, encore faut-il qu’elles permettent à des FAI associatifs d’évoluer. Pour visualiser facilement cette information, la fédération a synthétisé les éléments recueillis auprès des délégataires pour mettre sur pied un système de notation. Celui-ci s’appuie sur des critères reflétant les contraintes de fonctionnement de ses adhérents : durée d’amortissement des investissements, nombre d’abonnés minimum et prix pour l’utilisateur final. En fonction, des conditions proposées, les RIP se voient attribuer une note de A à D, ceux sans offre activée ou viable recevant quant à eux un Z sans appel.
Source : ffdn.org
De nombreux RIP affichent ainsi des conditions d’accueil relativement favorables pour des FAI à petits moyens. En particulier ceux exploités par Axione et Altitude Infrastructure, qui n’obtiennent toutefois jamais la note maximale de A. En cause, très souvent, des tickets d’entrée « très élevés » voire « exorbitants », au titre de l’établissement de la porte de collecte. Dans la plupart des cas, la fédération relève toutefois des prix de revient mensuels « raisonnables », inférieurs à 30€/mois.
« Santé du réseau » et transparence
La FFDN explique qu’il s’agit avec ce baromètre des RIP FttH de « présenter, de manière synthétique, les conditions d'accès concrètes à un réseau d'initiative publique ». Si l’outil a été établi au prisme des besoins des FAI associatifs, il livre néanmoins des éléments instructifs sur les conditions d’accès aux réseaux publics. Ces informations intéresseront ainsi les opérateurs de proximité qui desservent notamment le segment entreprises, et dont les « pré-requis sur le réseau » ressemblent à ceux des FAI associatifs, souligne la Fédération. Plus largement, cette dernière voit dans ce baromètre un indicateur de « l’état de santé du réseau » : « Si les FAI de la Fédération peuvent travailler sur un réseau », explique-t-elle, « alors tous les modèles économiques sont ouverts, puisque nous sommes les plus petits et les plus fragiles ».
Notons aussi que l’information reste manquante sur environ un tiers des départements. Si certains d’entre eux n’ont tout simplement pas encore attribué leur marché, d’autres n’ont manifestement pas souhaité jouer le jeu de la transparence. D’une manière générale, explique en effet la FFDN, la collecte des catalogues de services auprès des délégataires n’a pas été une mince affaire. Et à parfois dû passer par la case CADA (Commission d’accès aux documents administratifs) pour l’obtention de ces documents pourtant censés être publics. Des difficultés que la fédération attribue à la « culture du secret de cette industrie », dénonçant au passage « la mauvaise foi flagrante de certains acteurs ».