Agence du Numérique, Arcep et ministère de la Cohésion des territoires ont synchronisé leurs montres pour dresser un point du déploiement de la fibre optique et des réseaux mobile. Le gouvernement le réaffirme : le plan France THD est sur les rails, pour permettre à 100% des foyers français de bénéficier du Très haut débit (30 Mb/s minimum) en 2022. Sans oublier l’objectif intermédiaire du bon haut débit pour tous en 2020 (8 Mb/s minimum), sur le cuivre ou des technologies alternatives.
Fibre : 27 millions de foyers éligibles en 2022 ?
Les chiffres publiés aujourd’hui par l’Arcep rappellent le chemin restant à parcourir pour atteindre l’objectif. Selon l’Autorité de régulation des télécoms, 19,6 millions de lignes étaient éligibles à une offre très haut débit à fin septembre (6,9 millions un an plus tôt), dont 12,5 millions via la fibre optique. Pour maintenir la trajectoire du plan France THD, il reste donc quatre ans (et un trimestre) pour apporter le THD sur 43% des locaux n’en bénéficiant pas encore, essentiellement en déployant pas moins de 14,5 millions de lignes FttH. Une trajectoire résumée par l'Agence du Numérique à l'occasion de son point d'étape trimestriel :
Orange et SFR : objectifs inatteignables en zone AMII ?
Sur ce total, 8 millions sortiront de terre en zone d’initiative privée. Essentiellement en zone AMII, où – contrairement à ce que suggère l’infographie de l’Agence du Numérique (ci-dessus), basée sur des moyennes annuelles jusqu’en 2022, Orange et SFR se sont engagés à boucler le tout d’ici à fin 2020, sous peine de sanctions. L’affaire paraît pour l’heure bien mal engagée, avec à peine 1,5 million de locaux de plus rendus éligibles à fin septembre en zone conventionnée, là où la feuille de route indicative de l’Arcep préconisait 2,5 millions dès cette année. On constate même un ralentissement au 3e trimestre, aussi bien pour Orange que pour SFR. qui ont cumulé 440 000 nouvelles lignes éligibles cet été, contre 500 000 sur l’intervalle précédent. Inlassablement, l’Arcep appelle les deux acteurs à « intensifier leurs déploiement », mais cela suffira-t-il ?
Zone RIP : déploiement record
A l’inverse, les déploiements en zone d’initiative publique vont croissant de trimestre en trimestre, avec 207 000 nouvelles lignes construites au T3. Sous l’impulsion, essentiellement, d’Altitude Infrastructure, n°1 en termes de commercialisation avec 69 000 locaux supplémentaires éligibles, essentiellement sur les réseaux Rosace (Alsace), Manche Fibre, Eurek@ et Doubs La Fibre. Axione n’est pas loin, à 68 000, porté par Cap Fibre dans le Nord-Pas-de-Calais, ainsi que les réseaux THD 42 et Aisne THD, qui viennent tous deux de franchir la barre des 100 000 lignes.
Au total, l’Arcep recense désormais 1,73 million de locaux éligibles au FttH en zone d’initiative publique. Il reste donc 5,5 millions de lignes à construire d’ici à 2022 pour rester sur la trajectoire du Plan France THD, soit un peu plus de 320 000 lignes par trimestre. Une cadence qui paraît à portée ; ne reste plus qu’à assurer la disponibilité de plusieurs fournisseurs d’accès sur ces réseaux encore caractérisés par un faible taux de mutualisation : seuls 27% des lignes y donnent la possibilité de souscrire aux offres d’au moins deux opérateurs commerciaux.
Après-2022 : plus d’un million de lignes complémentaires
Quid des locaux restant à équiper en fibre au-delà de 2022 ? L’Agence du Numérique profite de ce point d’étape pour dresser un bilan des engagements complémentaires « en cours de sécurisation », dans le cadre de la procédure AMEL. En sollicitant l’intervention des opérateurs sur fonds privés grâce aux appels à manifestation d’engagements locaux, les collectivités devraient être en mesure d’accélérer le déploiement de « plus d’un million de lignes FttH » sur une douzaine de départements. Moins que les 3 millions initialement espérés, raison pour laquelle nombre d’acteurs de l’environnement THD réclament une réouverture rapide du guichet de subventions afin d’aider les collectivités à mettre sur pied leurs projets futurs. Doléance relayée infructueusement à l’Assemblée, puis avec plus de succès au Sénat.
En attendant la fibre optique, les habitants des territoires concernés devront s’en remettre au cuivre ou aux technologies hertziennes (box 4G, THD Radio, satellite) pour bénéficier du très haut débit. Ou du moins, dans un premier temps, du bon haut débit, horizon retenu par le futur guichet d’Inclusion numérique. Le dispositif lancé début 2019 délivrera une aide à l’équipement pouvant aller jusqu’à 150 euros. Celle-ci sera perçue par les 11 fournisseurs d’accès sélectionnés par l’Agence du Numérique, qui la déduiront de la facture de leurs abonnés. Pourront également en bénéficier les clients des offres box 4G fixe des opérateurs nationaux, bien partis pour se tailler la part du lion de ce marché pour lequel Orange et SFR se sont notamment engagés à installer chacun 500 sites dédiés dans le cadre du New Deal Mobile.
Mobile : 3 000 nouveaux sites 4G
Près d’un après l’ « accord historique » sur le mobile, l’avancée des déploiements a lui aussi fait l’objet d’un point d’avancement ce matin. Rien de bien nouveau sur le dispositif de couverture ciblée qui doit aboutir à la construction de 5 000 nouveaux sites par opérateur (avec possibilité de mutualisation). Le gouvernement a ainsi officialisé une seconde liste de 115 sites devant desservir des zones identifiées comme mal couverte, en plus des 485 déjà communiqués plus tôt cette année. Et rappelé la mobilisation des équipes projets locales – 66 au total – afin de continuer à alimenter cette liste de sites prioritaires dans les années à venir.
Egalement mis en avant, le volet généralisation de la 4G, qui vise à équiper l’ensemble des sites existants en très haut débit mobile d’ici à fin 2020 (ou 2022 pour les sites du programmes zones blanches-centres-bourgs »). L’agence du Numérique annonce plus de 3 000 pylônes équipés en 4G depuis janvier : en résulte une densification apparente de la couverture 4G, matérialisée par une cartographie « avant-après ». Le tout à prendre avec précaution puisque basé sur les données de couverture simulées communiquées à l’Arcep par les opérateurs.
Couverture mobile : l'Arcep veut encadrer les mesures
Les écarts avec la réalité constatée par les utilisateurs ont ainsi conduit les collectivités à réaliser leurs propres campagnes de mesure, initiatives que l’Arcep accueille favorablement, sous conditions. Soucieuse de fiabiliser les résultats et harmoniser les pratiques, l’Autorité de régulation a ainsi publié un « kit du régulateur » pour « organiser des mesures en environnement maîtrisé » ainsi qu’un « code de conduite » destiné à tous les acteurs de la mesure. L’idée étant de compléter son outil cartographique par les mesures effectuées par les tiers « courant 2019 », en plus de ses propres données de mesure, qui seront pour leur part intégrées à monreseaumobile.fr dès janvier prochain.