Le Très haut débit poursuit sa lente avancée sur le territoire français, selon l’Arcep, avec plus de 18 millions de logements éligibles, dont 11 millions en fibre optique.
Le dernier observatoire des services haut et très haut débit de l’Arcep, publié hier, livre un nouveau point trimestriel sur les modalités de connexion des Français à l'Internet fixe. 18 millions de foyers étaient éligibles à un accès très haut débit à fin mars, soit 414 000 de plus en un trimestre et un peu plus de 2 millions supplémentaires en un an. Mais toujours seulement 26% des foyers, qui restent majoritairement tributaires d'une technologie délivrant un débit inférieure à 30 Mb/s.
7,5 millions d’abonnements THD sont recensés par le régulateur sur ces 18 millions de lignes éligibles : seuls 41% de foyers concernés avaient donc sauté le pas du très haut débit au sortir de l’hiver. Une proportion qui reste relativement modeste, même si, avec 1,7 million d’abonnements supplémentaires, celle-ci a progressé de 5 points en un an.
La fibre, avance surtout pour les villes
La dynamique THD reste portée par la fibre jusqu’au domicile (FttH), qui a représenté 70% des nouveaux abonnements THD. 3,6 millions de foyers sont aujourd'hui titulaires d'une offre Internet s'appuyant sur cette technologie, une hausse de 33% sur un an. Avec toujours une forte disparité entre zones urbaines ou périurbaines et les zones rurales, ces dernières ne comptant que pour 2% des abonnements FttH. Ce alors qu’elles agrègent 13% des lignes éligibles (1,3 million). La faute, rappelle l’Arcep, à un taux de mutualisation qui reste largement en deçà de la moyenne nationale : à fin mars, seules 30% des lignes dites « rurales », c’est-à-dire situées en zone d’initiative publique, offraient la possibilité de souscrire aux offres d’au moins deux opérateurs (présents via la mutualisation passive).
Mutualisation sur les RIP : du mieux
C’est malgré tout 6 points de mieux qu’il y a un trimestre, constate l’autorité de régulation, qui attribue cette amélioration à l’arrivée des grands opérateurs sur les réseaux d'initiative publique (RIP). On aura notamment remarqué l’activité de Bouygues ces derniers temps sur les réseaux exploités par Axione (Loire, Nord-Pas-de-Calais, Aisne) et Altitude (Grand Est). Après la première incursion de Free en zone publique, dans le Nord-Pas-de-Calais également, l’arrivée des offres Orange dans l’Oise et Eure-et-Loir (réseaux SFR), et de celles de SFR sur certains réseaux Covage (Calvados, Seine-et-Marne), annoncées lors du TRIP Avicca, devraient continuer à alimenter la dynamique dans les mois à venir.
Déploiement : coup de mou hivernal
Côté déploiement, la période hivernale a marqué un ralentissement dans la construction de nouvelles lignes FttH : 660 000 de plus, contre 768 000 au trimestre précédent. Un trou d’air potentiellement attribuable à l’effet saisonnier, qui n'affecte pas la zone très dense mais se ressent essentiellement en zone AMII chez Orange et SFR - rebaptisé Altice France dans la nouvelle livraison de l'Arcep. Les deux opérateurs ont ainsi fait moins bien qu’au trimestre précédent dans ces zones moins dense d’initiative privée qui attendent la formalisation des engagements proposés il y a quelque semaines. Avec 409 000 nouvelles prises raccordables à eux deux sur ces zones AMII, contre les 497 000 du T4 2017, le signal à cet égard n'est pas rassurant.
Mais on pourra aussi rapprocher le chiffre du T1 2018 de la hausse de 331 000 observée un an plus tôt pour tenter de se convaincre que la montée en cadence est enclenchée. Insuffisant, toutefois, aux yeux du régulateur, pour qui « les acteurs doivent encore intensifier leurs efforts ». Pour rappel, l’Agence du numérique tablait en mars dernier sur 3 millions de prises supplémentaires en 2018, dont une large partie devra venir des zones AMII : pour y parvenir, l’accélération devra donc être franche sur les prochains trimestres. A noter qu'au niveau local, les progrès des opérateurs peuvent désormais être suivis de façon plus précise, à la maille du point de mutualisation, sur la carte des déploiements fibre de l'Arcep.
Sur les réseaux d’initiative publique, l’hiver a également semblé ralentir le déploiement, avec seulement 105 000 prises raccordables contre 144 000 au trimestre précédent. Un différentiel à mettre, là aussi, au débit d’Orange et surtout de SFR, qui avec 10 000 prises RIP au trimestre dernier, décélère fortement (41 000 trois mois plutôt). Pendant ce temps, Altitude et Axione – qui aligne à lui seul 40% des nouvelles prises du trimestre - maintenaient la cadence, et Covage parvenait même à accélérer.
Reste que ces quelque 100 000 prises de plus marquent, là aussi, une accélération sensible sur un an : au premier trimestre 2017, seules 26 000 lignes raccordables supplémentaires avaient été enregistrées sur les RIP.
Consulter l'observatoire des marchés haut et très haut débit fixe de l'Arcep au T1 2018