Iliad peut dire merci à l'Italie : sans son lancement dans la péninsule cette année, l'opérateur aurait vu les revenus de ses abonnements fléchir de 1,1 % en 2018. Le "formidable succès commercial" de sa marque mobile transalpine - 2,8 millions d'abonnés en 7 mois - lui permet de conclure l'exercice en très légère hausse: + 0,6% à 4,9 milliards d'euros. On ne peut pas en dire autant de la rentabilité du groupe : celle-ci s'est érodée l'an dernier d'environ 20%, à 690 millions d'euros, alors que Free tentait de suivre ses concurrents français dans la bataille des promos.
Internet fixe, mobile : Free perd 350 000 abonnés
Lancé il y a près d'un an, l'effort promotionnel de Free n'a pas permis, pour l'instant, d'inverser la tendance. Comme l'été dernier, la marque a continué de laisser filer les abonnés au 4e trimestre, pour afficher un solde négatif de 93 000 clients sur l'Internet fixe et 254 000 sur le mobile sur l'ensemble de l'année. Malgré le lancement de la Freebox Delta en décembre, l'opérateur encaisse même son pire trimestre sur l'Internet fixe cet automne, avec 32 000 abonnés de moins qu'au trimestre précédent.
Une performance qu'Iliad relativise en rappelant qu'elle a affecté les abonnements les moins rentables, forfait à 2 euros en tête. A contrario, son forfait 4G, bien plus rémunérateur, continue d'avoir le vent en poupe : 722 000 abonnés supplémentaires en 2018, et 7,8 millions au total.
Le creux de la vague dépassé ?
De quoi expliquer la baisse du chiffre d'affaires, mais Iliad l'assure, il ne s'agit qu'un accident de parcours : "un point bas [a été] atteint en France au 4e trimestre 2018", et la croissance repartira en 2019, sur le fixe comme sur le mobile. Une évolution à laquelle la Freebox Delta apportera son écot, elle qui comptait déjà plus de 100 000 abonnés à 50 euros/mois minimum seulement deux mois après sa sortie. De quoi, au passage, regonfler la rentabilité des abonnements Freebox, tombée à 31,8 euros par client et par mois en moyenne à fin 2018, contre 33,90 euros un an plus tôt.
"Nouveau cycle de croissance"
Pour éclipser cet exercice 2018 décevant, Iliad préfère parler d'"année de transformation", tandis que 2019 doit marquer le début d'un "nouveau cycle de croissance". Sa réorientation vers le haut-de-gamme s'inscrit ainsi plus largement dans une nouvelle "stratégie de croissance et d'innovation", dont les détails seront dévoilés mi-avril.
Y participera l'Italie ainsi que, dans l'Hexagone, le marché entreprises, où Iliad, fort de l'acquisition de Jaguar Networks, entend "créer un acteur souverain de premier plan des télécommunications". Le nerf de la guerre restant la disponibilité accrue de ses réseaux très haut débit - 4G et fibre - afin de répondre à la croissance des besoins, tout en préparant l'arrivée de la 5G.
Fibre Free : accord sur les zones AMII SFR et sur de nouveaux RIP
Sur le FttH, Free annonce avoir franchi le cap symbolique du million d'abonnés pour 10 millions de lignes éligibles. Deux chiffres appelés à doubler d'ici deux ans, selon ses projections. Sur l'éligibilité, contribueront notamment aux 20 millions de lignes visées les zones AMII SFR. Dans son rapport de gestion, Iliad confirme ainsi avoir signé avec la marque au carré rouge "un contrat d'accès en cofinancement, sur les mêmes principes" qu'avec Orange, qui portera sur "plusieurs agglomérations".
Par ailleurs, l'arrivée de la fibre Free se précise aussi sur de nouveaux réseaux d'initiative publique : des accords de cofinancement sont annoncés dans l'Aisne et le Vaucluse (RIP Axione) ainsi qu'en Auvergne. Ces territoires viennent s'ajouter au Nord-pas-de-Calais, où les offres Freebox en fibre optique sont déjà disponibles sur le réseau déployé et exploité par Axione, ainsi qu'à la Vendée, où l'ouverture était annoncée pour ce trimestre. Sans oublier les réseaux exploités par Covage et Altitude Infrastructure, avec qui des accords nationaux ont été signés. Un seul territoire en profite à ce jour, desservi par le réseau Rev@ de Vannes Agglo (Altitude).
Mobile : cession des pylônes en vue
On n'en saura guère plus qu'au 3e trimestre sur la couverture 4G de l'opérateur, qui s'en tient au chiffre de 92% de population desservie par son réseau très haut débit mobile. Iliad insiste en revanche sur la construction de 2 400 nouveaux sites 3G en 2018, ce qui permet de porter son taux de couverture à 96%. De quoi permettre aux abonnés Free Mobile d'échapper au bridage de plus en plus sévère des débits en itinérance 3G sur le réseau Orange, dans le cadre d'un contrat appelé à expirer fin 2020. Et à l'opérateur de réduire sa facture pour l'utilisation du réseau de son concurrent.
Autre opération envisagée par Iliad pour assainir ses finances en ces temps difficiles : la cession de ses pylônes de téléphonie. Le groupe confirme ainsi qu'il "étudie actuellement la possibilité de mettre en œuvre un partenariat industriel avec un fonds d’investissement concernant l’infrastructure passive de son réseau mobile, portant sur environ 5 700 sites mobiles". Une opération à laquelle ont déjà recouru Bouygues Telecom et plus récemment Altice, et qui devrait s'avérer juteuse dans un contexte de fort intérêt des investisseurs pour les infrastructures telecom.