Nous avons fait le point il y a quelques jours sur les réseaux Orange en Bretagne, focus à présent sur les déploiements de l’opérateur historique en Pays de la Loire. Sur la 4G et la fibre, la trajectoire prévue y est sensiblement la même que chez les voisins bretons : rien d’étonnant, au fond, puisqu’il s’agit là d’objectifs fixés au niveau national par l’opérateur, de surcroît encadrés par des engagements pris devant le gouvernement. Robert Mitu, délégué Orange pour les Pays de la Loire (ci-contre), nous en dit plus sur leur traduction au niveau local.
Pays de la Loire : 100% de sites en 4G dans un an
L’accord New Deal conclu entre les opérateurs et le gouvernement, sous l’égide de l’Arcep, prévoit entre autres l’équipement en 4G de l’intégralité de leurs sites mobiles (75% pour les sites du programmes zones blanches centres-bourgs) d’ici au 31 décembre 2020. En Pays de la Loire, ce sera chose faite dès la fin de l’année 2019, promet Robert Mitu. Sachant qu’à fin 2018, Orange dénombrait dans la région 1 200 sites compatibles avec le très haut débit mobile, soit 85% de son parc. Pour une couverture à la même date de 99,5% de la population en 4G en extérieur.
Source : Carte de couverture 3G / 4G Orange, mise à jour en février 2019
Le tout doublé d’une modernisation du réseau radio, amorcée en 2017 pour un achèvement prévu en 2019. Sur l’ensemble de la région Ouest a ainsi été acté le remplacement d’émetteurs et récepteurs datant de l’arrivée du GSM. « Nous en profitons pour mettre la 4G et renforcer la capacité dans certaines zones afin d’absorber le trafic data », explique Robert Mitu. Cela passera par l’ajout de fréquences dans les bandes 800 MHz et 900 MHz. Rappelons que cette dernière n’est plus réservée aux technologies GSM et UMTS (2G/3G), mais peut désormais être exploitée pour la technologie LTE (4G) à la suite des modifications des autorisations d'utilisations des fréquences arrêtées cet été par l’Arcep.
Cette densification doit aussi contribuer à l’amélioration de la couverture mobile à l’intérieur des bâtiments, qui compte parmi les axes prioritaires définis par Orange. Y figurent également l’amélioration de la couverture en milieu rural, ainsi qu’un accent sur les axes de transport pour augmenter la qualité de service. Autant de chantiers qui doivent permettre à l'opérateur de satisfaire aux obligations désormais inscrites dans ses autorisations d'utilisation de fréquences, telles que révisées cet été.
New Deal Mobile : Orange déploiera la moitié des sites prioritaires
Parallèlement à ces opérations qui relèvent du plan stratégique d’Orange, l’opérateur prend part au programme consistant à identifier et équiper des zones en manque criant de couverture mobile. En Pays de la Loire, le travail de repérage piloté par les collectivités, et en particulier la région, a conduit à retenir 40 zones pour l’année 2018.
Sur 17 d’entre elles, Orange sera l’opérateur leader, nous indique Robert Mitu, sachant que ces sites seront mutualisés pour permettre aux quatre opérateurs d’y proposer leur desserte mobile. A compter de la publication au journal officiel de l’arrêté désignant ces sites, les opérateurs auront 24 mois pour y mettre en service leur réseau, ou 12 mois si une collectivité met un emplacement à leur disposition.
Fibre optique : 400 000 restent lignes à déployer en Pays de la Loire
L’autre chantier d’envergure mené par Orange est bien entendu le raccordement en fibre optique des locaux relevant de ses zones d’intervention. Soit, en Pays de la Loire, quelque 800 000 foyers et entreprises situés en zone urbaine ou périurbaine. A fin janvier 2019, Orange en avait rendu raccordables quelque 400 000, dont « un peu moins de 100 000 logements sur l’année 2018 », précise le délégué régional.
Comme à son habitude, Orange ne détaille pas les volumes relevant de la zone très dense - Nantes - et ceux concernant les 105 communes de la zone moyennement dense d’initiative privée (AMII) sur les secteurs de Nantes agglo, Saint-Nazaire, Angers, Cholet, Saumur, La Roche-sur-Yon, Les Sables-d’Olonne, Le Mans, Sablé-sur-Sarthe, Laval et Château-Gontier.
Source : carte fibre Arcep, déploiements à fin décembre 2018
Pour 2019, Robert Mitu annonce une accélération, en particulier sur les opérations consistant à rendre les lignes raccordables. C’est-à-dire établir la jonction finale jusqu’aux logements depuis les points de mutualisation, ces « armoires de rue » dont Orange prévoit le déploiement intégral d’ici à la fin de l’année sur les Pays de la Loire. Accélération qui permettra de porter à 92% le taux de locaux raccordables à fin 2020 sur les zones de la région où Orange déploie sur ses fonds propres.
Un chiffre qui ne doit rien au hasard, puisqu’il décline localement l’engagement pris au niveau national par l’opérateur : rendre raccordables 92% des lignes situées en zone AMII d’ici à fin 2020, sous peine de pénalités financières. Cet engagement est juridiquement opposable, mais ceux pris à l’échelon local, via des conventions de programmation et de suivi des déploiements (CPSD) en cours de réactualisation, ne le seront toujours pas. Ces avenants permettront toutefois aux collectivités d’avoir une « vision beaucoup plus précise » de la trajectoire de déploiement de l’opérateur, « notamment sur les locaux raccordables », argumente Robert Mitu.
Ils préciseront aussi la proportion de locaux qui, à fin 2020, resteront « raccordables à la demande » à cette échéance, c’est-à-dire raccordés dans un délai de six mois à compter d’une commande d’accès de la part d’un fournisseur Internet. Car, d’une zone AMII à l’autre, ce taux de 92% est susceptible de varier en fonction des caractéristiques des territoires. Dans les zones où l’habitat isolé est plus représenté, notamment, on peut donc s’attendre à ce que le taux de locaux raccordables à la demande dépasse les 8%.
Fibre en zone AMII : focus sur les Sables d’Olonne
CEla sera aussi le cas sur l’agglomération sablaise, pour une autre raison : Orange anticipe un taux de locaux raccordables de 85% à fin 2020 sur Les Sables-d’Olonne, Château d’Olonne et Olonne-sur-Mer, et une couverture intégrale un an plus tard. Sur ce secteur, le déploiement donne en effet du fil à retordre à l’opérateur, en raison des difficultés rencontrées sur la partie aérienne. En cause : la nécessité d’implanter de nouveaux poteaux, les appuis existants s’avérant insuffisants pour supporter un câble supplémentaire.
La perspective n’enchantait guère les élus de la commune des Sables d’Olonne en particulier : « les discussions ont été un peu difficiles », admet ainsi Robert Mitu. « Le problème n’est pas complètement résolu, mais notre approche est désormais bien appréhendée par les élus, donc nous sommes optimistes ». En attendant, ce blocage a largement retardé le déploiement sur le centre-ville, comme l'illustre la carte fibre de l'Arcep.
Les aléas du déploiement avaient du reste conduit Les Sables-Agglo à inviter un acteur concurrent dans la danse : SFR, avec qui un accord avait été signé début 2018 pour le déploiement du FttH sur 7 communes, contre 3 pour Orange. C’était quelques mois avant que les deux opérateurs ne formulent leurs engagements en zone AMII, qui ont conduit à une redistribution partielle de leurs prés carrés. L’opérateur au carré rouge s’est ainsi retiré de l’Olonnais, laissant Orange assurer le déploiement sur les 7 communes de l’EPCI. De son côté, SFR a récupéré le déploiement sur l’EPCI Cap-Atlantique (15 communes dont La Baule et Guérande), seule zone AMII qui lui est à présent dévolue sur les Pays de la Loire.
Zones rurales : où en est Orange sur les RIP ?
Pour apporter le très haut débit aux habitants des zones rurales ligériennes, les collectivités ont initié plusieurs réseaux d’initiative publique. Sur quatre d’entre eux (Loire-Atlantique, Mayenne, Vendée et Laval THD), le déploiement a été confié à Orange. Avec plus de 19 000 lignes, l’agglomération lavalloise se trouve presque à mi-chemin de la trajectoire qui doit l’emmener vers le 100% fibre en 2020. Selon les derniers chiffres publiés par l’Arcep, Vendée Numérique affichait pour sa part quelque 15 000 locaux raccordables à fin 2018, le RIP de Loire-Atlantique dépassait les 10 000, tandis que Mayenne Fibre enregistrait ses toutes premières lignes, sur Craon et Mayenne.
On n’en saura pas plus auprès du représentant d'Orange sur l'avancement des déploiements sur ces différents projets. Pas plus que sur une éventuelle arrivée sur ces réseaux d’autres fournisseurs d'accès. Rappelons que Free, co-investisseur sur Mayenne Fibre, devait y commercialiser ses offres dès l’ouverture du réseau. De son côté, Vendée Numérique avait également annoncé un accord avec la marque d’Iliad pour un début de commercialisation au 1er trimestre 2019.
A l’inverse, peut-on s’attendre à voir Orange proposer prochainement ses offres fibre sur les deux autres réseaux d’initiative publique de la région – Anjou Numérique, exploité par TDF, et Sartel, opéré par Axione ? Réponse sibylline de Robert Mitu : « La stratégie d’Orange est d’être présent sur les RIP tiers. Il y a au préalable une négociation qui est nationale avec les autres opérateurs d’infrastructure, ensuite, localement, les conditions seront regardées au cas par cas ».
Réseau cuivre en Pays de la Loire : aléas et mobilisation
Soupçonné par certains élus de laisser se dégrader le réseau cuivre, et récemment mis en demeure par l’Arcep d’y améliorer la qualité de service, Orange s’efforce depuis de rassurer sur sa détermination à entretenir le réseau historique. « C’est encore celui qui supporte la majorité de nos clients », convient Robert Mitu, rappelant au passage la « forte mobilisation » des équipes de l’opérateur sur ce réseau qui vieillit, et est de surcroît exposé à un « certain nombre d’aléas ».
Le délégué régional d’Orange fait notamment allusion à l’impact des phénomènes météo, dans une région disposant d’une façade maritime importante et dont la « structure historique est en bonne partie aérienne », supportée par 1,4 million de poteaux. Tout en convenant que ces éléments de contexte ne constituent pas pour autant une excuse. « Cela veut dire qu’il faut dimensionner les moyens, les opérations », pour assurer l’entretien de ces supports, « vérifiés systématiquement » et remplacés si besoin. Sur la région, 19 300 poteaux ont ainsi été changés sur l’année 2018 à la suite de dégâts ou des défaillances identifiées.
Autre fait notable à signaler en Pays de la Loire, la recrudescence en 2018 des vols de cuivre, « très centrés sur la Loire-Atlantique ». Des dégradations qui perturbent les clients mais aussi les services d’Orange, mobilisés sur des opérations lourdes plutôt que sur d’autres besoins, fait valoir le responsable régional.
Au total, Orange recense 773 000 interventions de la part de ses techniciens en 2018, « en très grande majorité » sur le cuivre : infrastructure réseau, dépannage ou raccordements de clients. Illustration, pour Robert Mitu, de la mobilisation de l'opérateur historique sur le réseau cuivre. Qui se traduit aussi, poursuit-il, par une volonté de « transparence sur les actions et les moyens » vis-à-vis des élus, en première ligne sur ces questions. A cette fin a notamment été mis en place un outil de signalement de problèmes pour améliorer le lien avec les collectivités. Il est vrai qu'un peu partout en France, le dialogue entre l'opérateur et les élus a parfois tourné vinaigre ces dernier mois. Conduisant parfois ces derniers à mener des actions coup de poing, telle que celle rapportée ici par France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.
Face à des édiles courroucés par les incidents à répétition sur la téléphonie ou l'Internet en ADSL, Orange réaffirme son implication et la mise en œuvre de moyens supplémentaires, financiers et humains. L'opérateur souligne aussi l'évolution des comportements des clients, friands de services de plus en plus gourmands, et supportant de moins en moins les coupures, mêmes courtes. « Le niveau d'exigence est plus élevé aujourd'hui qu'il y a dix ou vingt ans », souligne ainsi Robert Mitu.
Est-ce à dire que l’évolution des besoins n'a pas été suffisamment anticipée ? L'intéressé balaie l'hypothèse, rappelant que 70% logements éligibles à la fibre le sont grâce à un déploiement réalisé par Orange. Preuve que « nous n’avons pas découvert en 2018 que les usages explosaient et que la construction d’un nouveau réseau était nécessaire pour les accueillir ». Sur la voix, puis sur la donnée, « nous sommes allés au bout de ce que l’on pouvait faire avec la technologie cuivre, je ne pense pas que l'on puisse parler d'un manque d’anticipation d’Orange. Les Français manifestent une exigence forte d’être connectés à des services numériques de qualité, et nous œuvrons tous les jours pour y faire face, sans attendre les demandes des élus ou de l’Arcep», conclut le délégué régional.