Vienne et Deux-Sèvres figuraient parmi les derniers départements à n’avoir pas officialisé leur programme de déploiement du très haut débit au bénéfice des zones rurales. C’est désormais chose faite, avec pour peser plus lourd, un partenariat sous la bannière Poitou Numérique. Le déploiement a été confié à Orange, qui confirme ainsi son ancrage à l’Ouest.
Dans le cadre d’un marché public global de performance, l’opérateur historique aura pour mission de raccorder d’ici 2022 quelque 85 000 locaux sur les zones d'initiative publique des deux départements (hors agglos de Niort, Poitiers et Châtellerault), ainsi que 362 sites prioritaires. Coût total de l’opération : 124 millions d’euros, sur des fonds quasi intégralement publics.
Premiers raccordements en 2020
Soit près de 80 millions pour le volet deux-sévrien, et 45 millions pour la partie viennoise, à peu près à proportion des travaux à réaliser sur les deux départements. Dans les Deux-Sèvres, 52 492 prises sont à construire sur 26 communes (dont 16 ayant intégré tardivement l’agglo niortaise, située en zone AMII) et 31 149 sur 10 communes de Vienne. Il s’agit là d’une phase 1, qui permettra de raccorder les premiers locaux en 2020 et s’achèvera en 2022. Précision apportée par Vienne Numérique : il s'agira d'un réseau passif.
A quoi s’ajoutent 360 sites prioritaires (dont 194 en phase 1) : zones d’activités, établissements d’enseignement et de santé ou encore sites touristiques bénéficieront eux aussi d’un raccordement en fibre optique, à compter du 2e trimestre 2019.
Maîtrise du déploiement
Pour la réalisation de son réseau fibre public, Poitou Numérique marche dans les pas de son voisin vendéen en recourant à un marché public global de performance, attribué à Orange. Un montage bien plus onéreux qu’une délégation de service public (DSP), mais qui lui permet de garder la main sur le déploiement : rythme, zonage, investissements et exploitation. Avec, pour l’attributaire du marché, une part de rémunération variable versée « en fonction de l'atteinte d'objectifs de performances, dont la vitesse de commercialisation du réseau ou la réutilisation des infrastructures existantes ».
Pas de 100% FttH
Une approche plus exigeante que celle de la DSP, avec un coût plus élevé pour les finances territoriales, qui nécessité de faire des choix : renoncer, notamment, à la perspective de complétude à moyen terme, comparé aux engagements de 100% FttH sous 4 à 5 ans décrochés à un prix modique par d’autres territoires ces derniers mois.
L’aspect financier contraint ainsi les deux départements à prioriser le déploiement du FttH dans les communes les plus densément peuplées, là où elles peuvent espérer un retour sur investissement plus conséquent et plus rapide. Un choix qui, dans les deux départements, devrait encore laisser la part belle au cuivre, à hauteur de 55 000 lignes dans la Vienne et environ 75 000 dans les Deux-Sèvres à horizon 2022. Le 100% THD y restera donc une notion théorique, validée par la disponibilité d’offres hertziennes que l’on voit mal, toutefois, supplanter massivement l’ADSL.
Le 100% THD en question
Dans la Vienne, sur 205 000 lignes recensées par le Schéma départemental d'aménagement numérique (SDAN) de 2013, un total de 150 000 seraient ainsi éligibles au FttH à horizon 2022, en incluant les zones AMII de Poitiers et Châtellerault, également confiées à Orange. Sur les 55 000 locaux restants, une opération de montée en débit doit permettre en outre de doper quelque 20 000 lignes cuivre. A fin 2020, seuls 85% des locaux du département atteindraient ainsi les 8 Mb/s via une solution filaire, selon les informations que nous à livrées Vienne Numérique.
29 000 lignes resteraient donc en deçà du seuil de « bon haut débit » défini par le Président de la République l’été dernier, dont 11 000 sous les 2 Mb/s. Resteront, pour ces locaux, les options hertziennes : WiMax – le THD radio n’étant pas envisagé pour l’instant – satellite et 4G fixes des opérateurs nationaux. Pour 20 à 25% des locaux viennois, ces deux dernières solutions constitueraient en outre l’unique recours pour prétendre au Très haut débit en 2022.
Même constat du côté des Deux-Sèvres. Sur 175 000 lignes au total (selon le SDAN de 2012), un peu plus de 100 000 locaux seront raccordables au FttH en 2022 en cumulant le RIP et l’agglomération de Niort, en zone AMII. Un programme complété par des opérations de montée en débit qui doivent améliorer l’ordinaire de plus de 20 000 locaux. Là et sur les quelques 55 000 locaux restants, ceux ne disposant pas du bon débit, puis du très haut débit dans les années à venir devront se tourner vers les solutions alternatives citées plus haut, nous précise Deux-Sèvres Numérique. Leur connectivité future sera abordée dans une nouvelle mouture du SDAN, dont l’élaboration doit faire l’objet d’un appel d’offres au deuxième semestre 2018.