L'heure du rebond pour Iliad ? Pas encore. Commercialement, le groupe reste sur une pente descendante en France : encore 16 000 abonnés Freebox perdus cet hiver et 90 000 sur un an. Le lancement de la Freebox Delta n'a que partiellement infléchi la tendance, qui vient déposer Free à 6,41 millions d'abonnés fixe, son plus bas niveau depuis fin 2016. Sur le mobile, le groupe voit également près de 50 000 Freenautes quitter le navire en un trimestre et retombe à 13,39 millions d'abonnés, soit le niveau enregistré à fin septembre 2017.
Chiffre d'affaires : tout juste à l'équilibre
La guerre des promos fait toujours aussi mal à Free, mais Iliad tient à rassurer dès l'intitulé de son communiqué en annonçant le "retour d'une forte croissance". C'est toutefois l'Italie qui explique le bond de 7,7% enregistré au 1er trimestre: en France, hors l'apport de sa récente acquisition Jaguar Network, le surplus de recettes lié à la vente de Player Free / Devialet permet tout juste de stabiliser le chiffre d'affaires sur un an.
Et c'est sans compter l'impact du lancement des offres de lecture numérique Youboox, avec un jeu sur la TVA réduite qui a certainement fait entrer plusieurs millions d'euros supplémentaires dans les caisses de l'opérateur.
Free : la montée en gamme se poursuit
Malgré ces replis, il était essentiel pour Iliad de rassurer sur la rentabilité de l'activité. Les investisseurs ont pu constater avec soulagement le net redressement du revenu moyen par abonné (ARPU) sur le fixe (+0,8 à 32,5), auquel les plus de 100 000 Freebox Delta écoulées en trois mois ne sont sans doute pas étrangères. Sur ce volet, l'opérateur peut également se féliciter d'un nouveau record trimestriel de recrutement sur la fibre optique : 150 000 abonnés de plus, portant le total à 1,183 million.
Parallèlement, le mix d'abonnés mobiles continue de se rééquilibrer vers le forfait le plus rémunérateur de l'opérateur, dont la stratégie repose désormais sur le haut de gamme. Une ambition que Free réaffirme aujourd'hui en dévoilant son plan à 5 ans.
Fibre, 5G, entreprises, Italie : embarquement pour Odyssée 2024
Comme annoncé après les "mauvaises performances commerciales" de 2018, Iliad devait rassurer les investisseurs : doit y contribuer la présentation aujourd'hui de son plan stratégique Odyssée 2024. Une nouvelle référence homérique qui aura pour personnages principaux :
- La fibre optique : Iliad ambitionne de proposer ses offres FttH sur quelque 30 millions de lignes en 2024, et y séduire 4,5 millions d'abonnés. A comparer aux 20 millions de locaux raccordables visés à fin 2020.
- Le mobile en 4G et 5G : Iliad met pour la première fois l'accent sur ses ambitions pour le nouveau standard mobile. Le groupe annonce déployer "à un rythme très rapide" un réseau "prêt pour la 5G", préfiguré par "l'ouverture massive en 4G+ de sites en bande 700 MHz", au nombre de 10 000 à fin 2019. Au total, l'opérateur vise un réseau de plus de 25 000 sites 4G / 5G à l'horizon 2025. Pour financer ce déploiement, Iliad vient de dégager 2 milliards d'euros de la cession de 7 700 pylône de téléphonies à l'Espagnol Cellnex.
- Le B2B : l'incursion sur le segment entreprises, amorcée par le rachat de Jaguar Network, doit permettre à Iliad d'en contrôler 4 à 5% en 2024, pour un CA de 400 à 500 millions d'euros.
- L'Italie, où Iliad ambitionne de lancer une offre fixe pour "devenir un acteur convergent de référence". L'objectif est de générer "1,5 milliard d'euros de CA "à long terme", mais aussi d'"atteindre l'équilibre en termes d'Ebitda avec une part de marché inférieure à 10%".