Devenir l’opérateur incontournable pour les amateurs de sport en général et de foot en particulier ? SFR Altice en a rêvé, mais a fini par se heurter à une dure réalité. Celle du marché de l’Internet en France, d’abord : faire de l’offre sportive un critère premier pour déterminer son fournisseur d’accès est un pas que de nombreux consommateurs ne sont sans doute pas prêts à franchir.
Pas assez, en tout cas, pour rentabiliser les lourds investissements consentis ces dernières années pour s’emparer de l’exclusivité de nombreuses compétitions : championnat anglais (Premier League) et portugais (Liga Nos), et surtout, au printemps dernier, la Champions League et l’Europa League.
SFR Sport OTT : seulement 30 000 abonnés
Autre réalité incontournable : celle du portefeuille des consommateurs, pas prêts à démultiplier les abonnements pour ne rien manquer de leur discipline préférée. En témoignent les difficultés de l’offre SFR Sport 100% digital, qui n’aurait séduit, selon Le Journal du Dimanche, que 30 000 abonnés. Les recrutements auraient peut-être progressé avec les coupes européennes de foot, mais de là à rentrer dans ses frais… Un rapide coup d’œil aux derniers bilans de BeIN Sports en France suffit pour saisir la fragilité du dispositif.
« Non-sens commercial »
Alain Weill, nouveau PDG de SFR, en a convenu ce week-end dans l'hebdomadaire : « L’exclusivité est un non-sens sur le plan strictement commercial, surtout pour des sports majeurs tels que le football : comme si les consommateurs ne trouvaient Coca-Cola que sur les linéaires de Carrefour », tranche-t-il. Avant de souligner les dangers d'une telle approche : « Nous avons fait tout simplement le constat que SFR Sport n’avait pas vocation à être exclusif sur telle ou telle discipline : il en va tout simplement de la viabilité, de la rentabilité de notre modèle ». En résulte une nouvelle stratégie, conduisant l'opérateur à ne plus proposer son bouquet sportif - rebaptisé SFR Sport Europe, qu'en option à souscrire avec abonnement SFR Internet ou mobile.
Nouvelle donne en vue
Exit l’exclusivité, donc, et place aux accords négociés avec les autres acteurs télécoms et médias. Le groupe estime désormais qu’il a plus intérêt financièrement à revendre à ses concurrents le droit d’exploiter ses joyaux pour amortir sa mise de départ. Tache dont devra s’acquitter la nouvelle entité Altice Pay-TV, chargée de commercialiser l’ensemble des droits dont il dispose, dont la Champions League, pour la période 2018-2020.
Alain Weill évoque des discussions avec Canal+, Orange, Free ou encore les nouveaux acteurs comme Facebook, Apple, Amazon... On note l’absence de BeIN Sports, qui risque fort d’être mise sur la touche à l’occasion de cette grande remise à plat de l’offre sportive. D’autant qu’Altice - SFR n’entend pas faire de pause dans sa stratégie d’acquisition de droits sportifs : son patron annonce même un « nouveau coup d’accélérateur dans les prochaines semaines »...