VPN : bientôt la fin des réseaux privés virtuels en France

Par Maxime Blondet publié le 27/03/2025 à 17h10

Dans le viseur de la justice, les meilleurs VPN menacent de quitter la France.

VPN : bientôt la fin des réseaux privés virtuels en France

On n'a jamais autant parlé des VPN, les réseaux privés virtuels, qui permettent aux utilisateurs de protéger leur vie privé numérique. C'est presque s'ils ne font pas la une de l'actualité ces dernières semaines.

Et pour cause : en ce moment, ils alimentent la chronique judiciaire et, ces derniers mois, ils étaient au menu de l'Assemblée Nationale. Une publicité dont ils se seraient passés volontiers. En tout état de cause, les VPN sont dans la tourmente. Ils ont l'impression de servir de boucs émissaires et se disent prêts à réagir de manière très brutale.

Les meilleurs VPN traînés devant la justice

En France, 30% des Français utilisent un VPN. Ils s'en servent pour protéger leur connexion à internet. Jusque là, rien d'illégal. Mais, comme le relève l'Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), dans son bilan 2023 de la lutte contre le piratage de contenus sportifs et culturels, "les VPN et les réglages DNS voient donc leur utilisation plus répandue chez les internautes ayant des pratiques illicites : plus d’un sur deux (57 %) utilisent un VPN et 46 % ont déjà modifié leurs réglages DNS".

Les VPN n'en font pas la publicité, mais ils permettent de contourner les géorestrictions et donc de pirater des évènements sportifs comme des films et des séries.

Depuis plusieurs années, les principales plateformes de vidéos en streaming font la guerre aux VPN. Et depuis quelques mois, ils sont la cible de la Ligue de Football Professionnel, de DAZN et de Canal+, qui les ont assignés en justice afin de protéger leurs droits

Canal+ entend protéger ses droits exclusifs de diffusion des grands évènements sportifs que le groupe diffuse : Ligue des champions de football, Top 14 de rugby, la F1 ou encore la Moto GP. Quant à DAZN, la plateforme qui diffuse la Ligue 1, elle estime subir un énorme préjudice à cause du piratage. 

En attaquant les principaux VPN devant la justice, les plaignants demandent à la justice de bloquer plusieurs milliers d'URL et ainsi limiter l'accès aux contenus protégés par des droits d'auteurs via le streaming illégal.

La justice n'a pas encore tranché. Mais déjà, les meilleurs VPN (NordVPN, ExpressVPN, Surfshark, Cyberghost,  Proton VPN) brandissent la menace de quitter la France.

Accusés de permettre, voire d'encourager le streaming illégal, ils tiennent à se défendre : "Les VPN ne facilitent pas le piratage. Ils n’hébergent pas, ne stockent pas, et ne font pas la promotion de matériel protégé par des droits d’auteur", assurent-ils via la VPN Trust Initiative, qui rassemblent les principaux fournisseurs. 

Ils appellent également les ayants droits et les autorités françaises à "reconsidérer leur approche et à lutter contre le piratage à la source plutôt que de cibler des technologies qui protègent la confidentialité et la sécurité des utilisateurs".

Un premier coup de semonce il y a quelques mois à l'Assemblée Nationale

Le débat sur les VPN n'est pas nouveau. Ce qui l'est plus, c'est qu'il est amené à se régler dans une salle de tribunal, ou sur les bancs de l'Assemblée Nationale.

En effet, il y a 18 mois, en septembre 2023, un amendement visant à interdire les VPN en France a bien failli passer à l'Assemblée Nationale, à l'occasion de l'examen du projet de loi sur la sécurisation de l'espace numérique

Déposé par le député Renaissance Mounir Belhamiti et signé par plusieurs parlementaires de la majorité, il voulait "interdire à tout utilisateur d'un réseau social de publier, de commenter ou d'interagir en utilisant un réseau privé virtuel". "Le VPN brouille la possibilité d'identification" en cas de réquisitions judiciaires, est-il écrit dans l'exposé de l'amendement. 

En effet, dans le cadre d'une enquête, les autorités peuvent demander aux opérateurs des réseaux sociaux d'avoir des informations sur un utilisateur même anonyme, comme son adresse IP. Ce qui n'est pas possible si l'utilisateur utilise un VPN.

L'amendement ne fait pas l'unanimité, même au sein de la majorité. "L’interdiction des VPN, si elle était proposée, ne serait pas un renforcement de la sécurité des usagers d'Internet, mais au contraire un affaiblissement considérable de leur expérience sur la toile. C’est une des briques, optionnelle, de la confiance dans un réseau", considère en effet le député Eric Bothorel, très à l'aise sur les sujets touchant au numérique.

Dans le milieu du numérique comme dans la sphère politique, cet amendement provoque un tollé. Et finalement, Mounir Belhamiti retire son amendement.

Bref, la pression s'accentue sur les VPN, qui se disent prêts à se retirer du marché. Et pour bien faire comprendre qu'il ne s'agit pas d'une menace en l'air, la VPN Trust Initiative rappelle qu'elle l'a déjà mise à exécution en Inde et au Pakistan pour des mesures restrictives comparables.

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