Trois journées d'enchères ont suffi aux opérateurs pour se répartir les premières fréquences qui seront exploitées pour la 5G. 50 MHz avaient déjà obtenus par Orange, SFR, Bouygues et Free au printemps, sur la section 3,4 - 3,8 GHz. Une base qu'ils pouvaient augmenter grâce aux blocs de 10 Mhz objets de cette enchère. Il y en avait onze à saisir, ils ont été distribués comme suit à l'issue du 17e tour, au prix unitaire de 126 millions d'euros, annoncé hier l'Autorité de régulation des télécoms (Arcep) :
Source : communiqué Arcep
Equilibre préservé...
Résultat : sans surprise, Orange ressort de la procédure le mieux loti, avec 90 MHz au total, devant SFR (80 MHz), Bouygues et Free (70 Mhz chacun). Chaque protagoniste s'est félicité de cette issue en y trouvant matière à satisfaction :
- Orange, en soulignant qu'il "remporte la quantité la plus élevée de fréquences 5G en France"
- SFR, pour qui que ce résultat "conforte sa position de solide n°2 du marché français"
- Bouygues Telecom, qui estime bien s'en sortir en "multipliant par deux son patrimoine de fréquences", tout en soulignant que ses 70 MHz le "positionnent équitablement" sur la bande 3,5 Ghz
- Iliad, le moins puissant financièrement avec Bouygues, qui, tout comme ce dernier, ne s'estime pas malheureux en rappelant qu'il obtient ainsi près d'un quart des fréquences disponibles.
De fait, et bien que deux opérateurs aient dû revoir leurs prétentions en baisse d'un bloc (Orange et Bouygues), pas de grand gagnant ou perdant à l'issue de cette enchère 5G. Celle-ci ne bouleverse pas les équilibres établis comme cela avait pu être redouté, et reflète peu ou pour l'empreinte des quatre opérateurs sur le marché mobile français.
... et "montant maîtrisé"
Chacun semble donc retrouver ses petits sur le plan concurrentiel. C'était du reste l'un des objectifs de cette procédure d'attribution des fréquences 5G telle que l'avait imaginée l'Arcep, en lien avec l'Etat. Autre bonne nouvelle : la fameuse "flambée des prix" tant redoutée n'a pas eu lieu. Le quatuor s'en tire à relativement bon compte, en attendant les enchères de positionnement qui ne modifieront pas ces montants outre-mesure :
Bouygues Télécom se "réjouit" ainsi d'avoir réalisé son emplette à un coût "qui se compare favorablement aux montants observés en Europe". C'est-à-dire loin des sommes qu'avaient dû débourser ses homologues en Italie ou en Allemagne, où le total avait dépassé les 6 milliards. Même remarque chez Orange, où l'on se félicite de ce "montant total maîtrisé" pour les fréquences de la bande 3,5 Ghz, ce qui lui permettra de "continuer à investir de manière volontariste" dans le déploiement de la fibre et de la 4G.
C'était l'autre enjeu de cette enchère : éviter que les opérateurs ne se mettent dans la rouge pour les fréquences, au détriment de leur capacité à financer le déploiement de la 5G - alors qu'ils ont souscrit des obligations en ce sens - et du Très Haut Débit en général. ll y a un an, alors qu'elle ficelait les règles de la procédure d'attribution, l'Autorité de régulation des télécoms avait d'ailleurs jugé nécessaire d'appeler l'exécutif à un "certaine modération" sur les recettes qu'il espérait tirer de la vente de son patrimoine pour ne pas obérer la capacité des opérateurs à investir dans les réseaux. Si l'Etat a fini par - officiellement - embrasser cette approche, c'est peut-être le seul déçu de l'affaire : il aurait sans doute espéré un peu plus, mais se contentera donc de 2,8 milliards d'euros pour cette première fournée de fréquences dédiées à la 5G.