Huawei dans l'oeil du cyclone européen
Aux États-Unis, les équipementiers chinois tels que Huawei sont soumis à un embargo depuis 2019. En Europe, rien de tout ça. Bruxelles s'en tient à des recommandations, avec "des exigences de certification et à la diversification des fournisseurs". Mais visiblement, elle semble aujourd'hui décider à aller beaucoup plus loin et à imiter les États-Unis. Selon le Finantial Times, l'Union Européenne envisage d'interdire le recours de ses états membres à des fournisseurs présentant un risque pour la sécurité de leurs indrastructures 5G.
Jusque là, un tiers des pays européens ont déjà banni les équipementiers chinois de leurs réseaux de téléphonie mobile. En effet, cette interdiction existe déjà au Danemark, en Suède, dans les pays baltes, ou encore Au Royaume-Uni. " C’est trop peu. Et cela expose la sécurité collective de l’UE", regrette Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur. D'ailleurs, le 2 juin, lors du Conseil Télécoms au Luxembourg, il a rappelé aux 27 ministres des télécommunications européens "l'urgence d'agir pour éviter de créer des vulnérabilités majeures qu'il serait difficile d'inverser". "Nous ne pouvons pas nous permettre de maintenir des dépendances critiques qui pourraient devenir une arme contre nos intérêts", a-t-il martelé
C'est quoi le problème avec Huawei ?
Si les États-Unis ont mis en place un embargo sur les équipements Huawei , c'est parce l'équipementier chinois est sont soupçonné d'être un espion à la solde du pouvoir en place à Pékin. En effet, leurs matériels et leurs logiciels comporteraient des backdoors, des "portes dérobées" qui serviraient aux services de renseignements chinois.
La Chine s'est toujours défendue de ces accusations, mais sans jamais convaincre. Elle considère que cet embargo n'a d'autre but que de servir le cause de technologies concurrentes, comme celles qui ont été développées par le finalndais Nokia ou le suédois Ericsson.
D'ailleurs, dans les colonnes du Finantial Times, Huawei s'insurge : "Évaluer les risques de cybersécurité sans respecter les normes technologiques, ou exclure des fournisseurs spécifiques du marché sans évaluation technologique appropriée, est une violation des principes d'équité et de non-discrimination, ainsi que des lois et règlements de l'Union européenne et de ses États membres".
Et la France dans tout ça ?
En attendant les nouvelles directives de l'Union Européenne, la France s'en tient aux recommandations édictées par Bruxelles en 2020. C'est à dire qu'elle n'interdit pas le recours au matériel du fabricant chinois Huawei. Mais elle conditionne son déploiement à une autorisation d'exploitation. Délivrée par l'Anssi, elle est particulièrement restrictive.
En France, deux opérateurs sont encore autorisés à utiliser du matériel Huawei, à savoir Bouygues Telecom et SFR qui ont partiellement déployé leur réseau 4G en ayant recours au fabricant chinois. Néanmoins, pour des raisons de sécurité, certaines zones sont proscrites et le gouvernement a enjoint les deux opérateurs de démanteler plusieurs milliers d'antennes, 3000 pour Bouygues Telecom et 8000 pour SFR.
Une décision qui ne plaît pas du tout à Bouygues Telecom et SFR qui ont déposé un recours devant le tribunal administratif de Paris et demandent une indemnisation de plusieurs centaines de millions d'euros.