Tous les ans, les stations de sports d'hiver sont prises d'assaut par des dizaines de milliers de touristes. Et parfois, il arrive que le réseau mobile sature. En effet, tous les domaines skiables ne disposent pas d'un réseau suffisamment dimensionné. Mais vous allez voir que si les skieurs ont un temps été empêchés de communiquer cet hiver dans la station de l'Alpe du Grand Serre (Isère), c'est pour une tout autre raison !
Entre skier ou communiquer, il faut choisir !
L'Alpe du Grand Serre, c'est une station de ski très prisée en Isère. Elle est particulièrement appréciée pour son cadre naturel d'exception, car particulièrement sauvage. Cet hiver, les skieurs de la station ont vécu une mésaventure peu commune : ils ont été privés de réseau mobile. L'affaire est sérieuse. Car la disponibilité des services mobiles est cruciale. Pas pour les skieurs, qui après tout peuvent bien se retrouver privés de smartphones. mais plutôt pour les services d'urgence.
L'ANFR, l'Agence Nationale des Fréquences, est alors saisie par un opérateur de téléphonie mobile. Un brouillage affecte ses services de téléphonie et d'internet mobile dans la bande des 900 MHz. Voilà donc que deux agents du département interventions du Service Interrégional Est de l'ANFR débarquent dans la station. L'intervention n'est pas facile. Car l'antenne relais est inaccessible à cause de la neige. Obligés de se reporter sur le site hébergeant la station radioélectrique, ils constatent malgré tout les faits.
Un signal perturbateur apparaît quand même sur leur appareil de mesure. Pour les deux enquêteurs de l'ANFR, reste maintenant à déterminer l'origine du brouillage. Et vous allez voir qu'ils ne sont pas au bout de leurs surprises...
Les voilà donc partis à travers la station à la recherche de l'élément perturbateur. À bord de leur véhicule laboratoire, avec ses antennes omnidirectionnelles qui balayent les fréquences en permanence, ils se baladent sur le domaine skiable. Jusqu'à finir par se rendre compte que le signal s'intensifie. Le coupable n'est plus très loin.
Les deux enquêteurs finissent leur traque à pieds dans la neige, sous le regard médusé des skieurs qu'ils croisent et qui se demandent bien ce que viennent faire là les deux hommes avec leur drôle d'appareil autour du cour. La scène devient carrément ubuesque quand les deux enquêteurs de l'ANFR s'incrustent dans la file d'un télésiège ! Puis s'arrêtent soudainement.
Le coupable n'est autre que l'appareil qui sert pour la lecture des forfaits !
Mais comment est-ce possible ?
Vous allez vite comprendre comment cet appareil qui sert pour la lecture des forfaits (pas les forfaits mobile !), a pu brouiller le signal de téléphonie mobile. En fait, c'est une simple histoire de fréquences mal paramétrées.
Pour fonctionner, un lecteur de forfaits utilise la radio-identification. Comme l'explique l'ANFR, la RFID (radio frequency identification), "qui consiste en l'utilisation d'ondes électromagnétiques pour lire l'identité d'un marqueur", le forfait du skieur dans ce cas précis. Et l'ANFR de préciser : "En Europe, le RFID est censé émettre autour de 868 MHz, cependant celui-ci émettait autour de 902 et 928 MHz, bande de fréquences attribuée à l’opérateur de téléphonie mobile".
Et pour quelle raison ? Là encore, c'est très simple : le module radio installé dans le lecteur RFID n'était pas le bon. En effet, nous explique l'ANFR, "c’était un module radio destiné au territoire américain. D’une zone géographique à une autre les réglementations varient, le module émettait donc dans une bande de fréquences autorisée aux États-Unis pour les appareils radio à courte portée (RFID) mais qui en France, altérait la qualité de service sur toute la zone de couverture de cette antenne !"
Voilà donc une drôle d'histoire de forfait résolue par les enquêteurs de l'ANFR.