15 000 abonnés de moins sur l'Internet fixe au printemps dernier, et 77 000 perdus sur le mobile. Les chiffres de Free au 2e trimestre rappellent furieusement ceux affichés lors des trimestres précédents. Et donnent l'impression que l'opérateur n'arrive décidément pas à inverser la tendance baissière enclenchée depuis 18 mois. Au contraire, rétorque-t-il dans sa communication financière : ils portent en germe les premiers effets de sa mue.
Fixe : Free mise tout sur la fibre
Grâce à la fibre, d'abord. Free avait d'ailleurs pris soin de le communiquer en amont, en revendiquant la place de 1er recruteur net au 2e trimestre avec 172 000 nouveaux abonnés fibre. Dont la moitié sont des nouveaux clients, glisse-t-il à l'intention des mauvaises langues qui n'y verraient qu'un effet des migrations xDSL vers FttH. L'opérateur insiste aussi sur ses 11,5 millions de locaux raccordables en fibre, ce qui lui permet de revendiquer le "1er réseau parmi les opérateurs alternatifs". C'est également le cas en termes d'abonnements fibre optique (1,3 million, 2e derrière Orange), et la dynamique actuelle devrait lui permettre de dépasser son objectif de 500 000 clients FttH supplémentaire sur l'année.
Un "outil de conquête commerciale" sur lequel compte Iliad pour endiguer l'hémorragie d'abonnés Internet fixe : -31 000 au total sur le 1er semestre. Dont une partie serait attribuable au conflit l'opposant à Altice sur la distribution des chaînes BFM et RMC, griffe opportunément reste le groupe de Xavier Niel, qui vient de les couper sur ses Freebox. Quoi qu'il en soit, ce dernier pense être parvenu à contrer l'impact de ces nouveaux départs, grâce à ses nouvelles offres fixes et à la "fin de la dépendance aux offres très promotionnelles", comprenez, les ventes privées Freebox Revolution. Dont Iliad semble malgré tout avoir encore besoin pour rester dans la course aux promos, comme l'illustre son opération de rentrée sur Veepee.
Source : communiqué de presse Iliad S1 2019
Free Mobile : moins d'abonnés mais plus rentables
Iliad relativise aussi ses pertes d'abonnés en rappelant qu'elles s'opèrent sur ses offres les moins rentables. Ainsi, sur la partie mobile, si 147 000 clients du forfait à 2 euros ont quitté le navire au 1er trimestre, ses forfait 4G plus rémunérateurs comptent 70 000 nouveaux abonnés. C'est moins moins que les recrutements de Bouygues Telecom ou SFR sur la même période, mais l'opérateur voit la bonne nouvelle ailleurs : sur ce segment, le chiffre d'affaires facturé aux abonnés est en hausse de 7% sur un an au 1er semestre (et même +9% au T2).
Une "excellente" performance, se félicite le groupe, mais qui n'a finalement rien d'étonnant. En privilégiant un nouveau modèle de conquête - forfait intermédiaire à 8,99 euros par mois plutôt que des ventes privées à 0,99 - Iliad perd en volume mais gagne en valeur. Reste à savoir s'il parviendra à conserver ces abonnés à l'issue de la première année d'abonnement et du passage à 19,99 euros par mois.
Iliad cède des actifs FttH
L'ensemble permet au groupe d'affiche un résultat opérationnel légèrement en hausse sur un an au 1er semestre (+1,8% à 910 millions d'euros). Plombé il est vrai par les performances du tout jeune réseau italien : les pertes d'exploitation enflent à 108 millions d'euros en l'espace d'un an. Dans ce contexte, Iliad entend préserver ses capacités d'investissement en dégageant de l'argent frais. Pour ce faire, il suit la voie déjà empruntée avant lui par Altice et Bouygues Telecom
En effet, après la cession de ses pylônes à Cellnex, le groupe annonce aujourd'hui une opération similaire sur son réseau FttH. Iliad entre ainsi en négociations avec le fonds français Infravia pour lui céder une participation majoritaire 51% d'une nouvelle société, dans laquelle sont logés certains de ses actifs FttH en zone moyennement dense. A savoir ses "contrats de co-financement existants et environ 1 million de prises déjà déployées et confiancées", uniquement sur la partie mutualisée du réseau comme l'explique ce schéma :
Source : présentation des résultats Iliad S1 2019
L'objectif est double : être en mesure d'opter "systématiquement" pour la formule du co-investissement sur les réseaux mutualisés desservant les zones moyennement ou peu denses (AMII et RIP). Ce afin de "gagner en flexibilité en termes de coûts par rapport au modèle de location" des lignes FttH, précise l'opérateur.
En outre, l'opération permettra à Iliad de dégager des liquidités, puisque il céderait 51% de la nouvelle société à InfraVia "sur la base d’une valeur d’entreprise d’environ 600 millions d’euros". Un appoint aux 2 milliards d'euros dégagés de la vente de ses pylônes à Cellnex, récemment approuvée par l'Autorité de la Concurrence. De quoi permettre au groupe de faire face aux prochaines échéances d'investissement, à commencer par la bataille des enchères 5G.